«Tout ce qui se passe dans le Sahel répond à l'objectif de certaines puissances occidentales d'isoler l'Algérie et d'éviter que l'Algérie ne puisse jouer son rôle de leader régional en matière de lutte antiterroriste», a estimé hier le directeur général par intérim du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert), Lies Boukraa.Lors d'une conférence au centre d'études d'El Chaab, il a expliqué que la région du Sahel est particulièrement l'objet de visées des néocolonialistes, parce qu'ils n'ont jamais renoncé à sa recolonisation. Selon lui, la région porte en elle trois facteurs qui fragilisent sa sécurité, notamment le sous-peuplement géopolitique, l'inégale distribution de la population et la pauvreté. Autant de vulnérabilités qui expliquent la présence de l'Aqmi dans la région. Il fera état, en outre, de la connexion du terrorisme avec le trafic en tous genres, (armes, racket…), notamment celui des drogues dures en provenance d'Amérique latine, affirmant, que le Sahel fait partie des circuits les plus prisés par les narcotrafiquants. Il estime à 50 tonnes la quantité d'héroïne qui transite annuellement par la région du Sahara. Les enlèvements ont rapporté 100 millions de dollars aux groupes terroristes et l'Aqmi dispose du budget le plus fort de la région, à l'exception de l'Algérie, a-t-il ajouté.D'après son analyse de la situation sécuritaire au Sahel, il existe «un axe djihadiste, qui s'étend de l'Afghanistan jusqu'à la Somalie, et dont fait partie le Sahel». Il devait, suite à cela, faire remarquer que «par hasard, le djihad est là où les puissances étrangères sont intéressés par les richesses de ces pays». Il a estimé que «ce qui se passe au Darfour est une répétition de ce qui se prépare pour la région du Sahel», avant de dresser un parallèle avec la région du Sahel, qui dispose également de ressources et qui est vulnérable sur divers plans. Le directeur du Caert lâche une vérité : «L'Aqmi n'est pas le véritable danger pour les pays du Sahel, comme veulent bien nous le faire croire les Occidentaux, mais c'est l'ingérence étrangère dans la région», car, dit-il, cette organisation terroriste est «prenable militairement». L'Aqmi, contrairement au GSPC, est surmédiatisé en le présentant comme alternative aux gouvernements actuels, a-t-il ajouté, indiquant que l'Aqmi est «l'arbre qui cache la forêt». Il a estimé que l'ingérence est stratégiquement l'une des plus grandes menaces. Le cas de certains dirigeants de la région ayant noué des alliances avec des puissances étrangères constitue une erreur stratégique, d'après lui, l'histoire a démontré qu'elles tournent toujours à l'avantage de ces derniers. Aussi, sur le plan stratégique, l'attitude à tenir consiste à prendre deux types de mesures. Il faut en urgence réduire à néant la capacité de nuisance de l'Aqmi, et, sur le long terme, développer les capacités économiques et opérer plus d'ouverture démocratique dans ces pays. Cependant, à défaut de lutte contre le terrorisme, la région sera ouverte à divers types de scénarios : soit la jonction entre les pouvoirs politiques et les groupes de criminels. Ainsi, la région sera transformée en zone de ralliement des terroristes et subira la criminalisation. Soit la généralisation de l'ingérence et les puissances étrangères s'affronteront par pays de la région interposés. A. R.