Des nouveautés au 15ème Salon international du livre d'Alger (SILA 2010) ? Elles ne sont peut-être pas nombreuses, mais il y en a. Sauf qu'on ne les trouve pas là où on croit qu'elles sont. Manifestement, la disposition des stands a été déterminée selon une logique n'obéissant à aucun ordre, si ce n'est celui établi par les organisateurs. Les stands des éditeurs qui ont du nouveau à offrir sont effectivement en retrait, dans les allées perpendiculaires aux grands axes où les places stratégiques sont réservées aux prétendues grandes maisons d'édition et gros importateurs. Car, il faut signaler que, dans les stands des maisons d'édition étrangères, il est rare de trouver un de leurs représentants. Il n'y a que des commerciaux qui sont là pour écouler les stocks de livres. Les nouvelles publications, il faut aller les chercher dans les recoins du SILA. Au stand de la maison d'édition El Ikhtilaf, il n'y a pas moins de six nouveaux ouvrages. Idem pour les éditions Barzakh, qui ne sont pas mieux loties en termes d'emplacement, ou Apic et Média-plus de Constantine dont les stands sont mitoyens, mieux unifiés. Les deux éditeurs ont en effet décidé de décloisonner pour avoir un grand stand, une union fertile qui réunit une vingtaine de nouvelles publications. On peut ainsi trouver sur les étals des éditions Apic Loin de la source de Abderrahmane Mekhelef, la Maison du Néguev de Suzanne el Farrah el Kenz, Il était une fois peut-être pas de Akli Tadjer, et dans la collection Résonances, le Devoir de violence de Yambo Ouologuem, Temps de chien de Patrice Nganang et Femmes sans visages de Rabah Belamri. Chez Média-plus, nous trouverons Au pied du mur de Abdelwahab Boumaza et Histoire de Constantine sous la domination turque de 1517-1837 d'Eugène Vayssettes. Mieux, les éditions Média-Plus ont même présenté, dimanche dernier, durant le salon, deux livres qui venaient juste de sortir tout chauds de l'impression, et quels livres ! Le premier est Jours tranquilles à Gaza de Karim Lebhour, journaliste indépendant travaillant en Israël et dans les territoires palestiniens et qui collabore avec Radio France internationale et le journal la Croix. De quoi la Palestine est-elle le nom ? est le titre du deuxième ouvrage, tout aussi intéressant, signé par Alain Gresh - qu'on ne présente plus - et qui s'inscrit dans le même registre.Nous n'avons évidemment pas cité toutes les nouveautés apportées par ces deux maisons d'édition et tous ces éditeurs qu'on qualifie de «petits», mais qui font un travail remarquable pour dénicher de nouveaux auteurs et les promouvoir, avec tous les risques que cela induit. D'ailleurs, ces éditeurs présentent essentiellement les productions 2009-2010. On ne peut pas en dire autant de tous. Quelle est donc cette grande maison d'édition qui pourrait se targuer d'avoir sorti deux nouveaux ouvrages durant le déroulement du salon ou d'avoir relevé le défi d'ouvrir une fenêtre sur la littérature africaine ? L'importance d'une maison d'édition ne se mesure pas à la surface de son stand ou sa situation, ni même au volume de sa production mais à la qualité de son travail pour promouvoir les auteurs qu'elle publie et le livre. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, l'a d'ailleurs clairement signifié lors de sa conférence au 15ème SILA en affirmant que, désormais, son département ne soutiendra que les éditeurs qui font réellement le travail d'éditeur. Est-ce le début de la décantation ? La 16ème édition du Salon international du livre d'Alger nous le dira. Peut-être le saurions-nous même avant… La balle est entre les deux camps, maisons d'édition et ministère. H. G.