Les 700 éditeurs nationaux et internationaux ont fait leurs bagages vendredi dernier, jour de la clôture du XIe Salon international du livre d'Alger, (SILA). Mêmes images, même frénésie que lors des précédentes éditions : les hommes en barbe et kamis sortent de la Safex, lieu de ce rendez-vous, les bras chargés de cartons de livres religieux bradés souvent le dernier jour pour une bouchée de pain. D'autres, anonymes, sont pressés de trouver quelques documents de base, un support dans leur domaine professionnel à l'image de ce professeur de français, qui, à la hâte, cherchait quelques ouvrages parascolaires, l'aidant pour ses cours supplémentaires. “Ce n'est tout de même pas donné. Regarde, ce livre d'appui pour le français coûte 400 DA ! ” se plaint-elle. Ce rendez-vous qui a été particulièrement effervescent du point de vue de l'animation culturelle, organisé tout les jours au café littéraire, n'a pas, de l'avis même des éditeurs, connu de remise particulière. Il est rare qu'un éditeur national surtout pratique une remise sur un produit qu'il propose. “Pour dix livres vendus, nous faisons une remise de 10% ” explique le directeur des éditions Casbah. L'entreprise publique des arts graphiques, (ENAG), qui est revenue de loin, a tout de même fait des remises de 50% sur quelques ouvrages liés au parascolaire. C'est d'ailleurs l'une des rares maisons à avoir proposé des réductions d'une telle ampleur. La maison Chihab, par exemple, n'a pas voulu entendre, cette année, parler de remise. “Non, pas de remise !” a annoncé Abdellah Benadouda, responsable de la communication. La raison est toute simple, plutôt connue d'autant qu'elle a fait long débat au cours de différentes rencontres éditoriales. “Si nous devons pratiquer lors de ce salon des remises, nous touchons directement à l'économie des libraires. Les gens préféreraient tous faire leurs achats ici sur place avec des bonus. Les libraires se retrouvent à chaque fin de salon dans un mécanisme de vide ahurissant. Alors, c'est pour ne pas les léser qu'on ne pratique aucune réduction ” explique Benadouda, qui gère également la librairie Chihab. Réduction ou pas, en tout cas le XIe Salon international du livre d'Alger a connu une affluence record et les exposants ont été unanimes à dire que c'est “un rendez vous qui a marché très fort”. “Je ne sais pas pourquoi, mais cette année, tout le monde est content. Il y a eu un excellent audimat, et d'excellentes ventes au niveau de tous les stands”, affirme Madi, responsable aux éditions Casbah. La question qui revenait sans cesse dans la bouche de tous les professionnels du livre, c'était si les Algériens lisaient réellement. Pas de réponses concrètes, sauf qu'on peut trouver quelques éléments informatifs dans un ouvrage inédit fraîchement publié chez IPSOFIM, une filière de l'ANEP. Ce livre qui s'intitule Les Algériens et le livre à travers les visiteurs du Xème SILA, “ rend compte sur la base d'un sondage et d'une enquête sociologique sur le comportement détaillé de nos citoyens par rapport à la chose livresque. C'est vrai que cet ouvrage qui s'intéresse aux questions comme “qui lit quoi, ou comment….. ” concerne la précédente édition du salon du livre, mais en attendant la sortie du volume relatif à la XIe édition de ce salon, une approche sociologique et culturelle peut être d'ores et déjà établie. De l'avis de Mohamed Tahar Guerfi, président du Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL), qui est inetrvenu jeudi dernier en marge du SILA , “ l'affluence des visiteurs dénote de l'importance du SILA dans l'agenda des rendez-vous culturels ”. Selon lui, “ la XIe édition du Salon international du livre d'Alger (SILA), inaugurée le 30 octobre, a enregistré une affluence record des visiteurs en quête des nouveautés du monde de l'édition”. L'intervenant, a estimé par ailleurs, que l'intérêt grandissant du public pour cette manifestation culturelle “ dénote de l'importance de cette manifestation qui consacre un événement qui draine davantage de public d'une année à l'autre ”. Du reste, ce rendez-vous éditorial qui s'est clôturé avec un extraordinaire engouement, demeure et çà tout le monde l'a compris, l'une des manifestations référentielles dans l'univers livresque.