De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La question des galeries d'art reste problématique dans la wilaya de Tizi Ouzou où même les pouvoirs publics ne s'investissent pas pleinement dans certaines catégories artistiques, comme les arts plastiques auxquels est dédié un salon annuel, certes intéressant mais qui reste insuffisant quand on sait l'état dans lequel se trouve cette discipline artistique qui reste encore sans un véritable public. A tort ou à raison, les arts plastiques sont considérés par le public comme une activité culturelle de riches et destinée aux riches et cela est bien encouragé par les prix affichés des toiles qui restent inaccessibles aux petites bourses, y compris aux amoureux très peu nombreux de cet art. Et c'est sans surprise que le public boude encore cet art qui manque aussi, et cruellement, d'infrastructures adéquates dans cette wilaya où, comme pour beaucoup d'autres disciplines culturelles et artistiques, on ne peut compter que sur les locaux de la maison de la culture Mouloud-Mammeri qui dispose de trois salles d'exposition. D'ailleurs, les quelques artistes peintres qui organisent des vernissages dans la ville des Genêts n'ont d'autre choix que de se diriger vers cette institution. Laquelle abrite des activités de diverses disciplines culturelles dans un espace trop réduit pour accueillir tant d'activités. Il est vrai que, désormais, la maison de la culture sera allégée de ses activités théâtrales depuis l'inauguration du théâtre régional Kateb-Yacine mais il reste encore des dizaines d'activités culturelles et artistiques à accueillir, notamment les arts plastiques qui, il faut le reconnaître, manquent de tout, du public à l'artiste en passant par les galeries et la réglementation. Et la question des galeries d'art se posent avec acuité puisque en parallèle de la quasi-absence de l'Etat dans ce domaine, il y a aussi l'incapacité du privé à investir dans des galeries d'art susceptibles de satisfaire les artistes peintres et le public encore réduit en nombre mais qui ne rate jamais l'occasion de visiter des expositions de toiles. En effet, il n'existe à Tizi Ouzou qu'une galerie d'art privée ouverte et gérée par une artiste peintre, Mme Nadia Cherrak qui s'est lancée dans une aventure, certes passionnante mais ô combien difficile quand elle a décidé d'investir son argent dans une galerie d'art où elle propose à la vente des toiles d'artistes de plusieurs wilayas du pays, qu'ils soient connus ou artistes en herbe. Elle ne bénéficiera, bien sûr d'aucune aide, même si sa démarche n'était pas loin de l'intérêt public. En plus du loyer qu'elle doit payer, elle est soumise aux taxes et autres impôts propres à n'importe quelle activité commerciale, alors qu'une telle activité doit avoir toutes les facilités possibles pour attirer davantage les investisseurs qui ne montrent aujourd'hui aucun intérêt pour la culture ou l'art. Pourtant, les responsables des pouvoirs publics savent pertinemment que la vie même de cette galerie dépend des ventes de ses toiles et que ces œuvres n'attirent pas la foule, et s'il n'y a pas de vente de toiles, il y a toujours péril en la demeure et le risque de mettre la clé sous le paillasson. Surtout que la gérante de cette galerie ne se contente pas de vendre des toiles mais elle organise régulièrement des rencontres regroupant des artistes de différentes disciplines artistiques qui passent quelques heures à discuter autour de la culture et des arts. Rien que pour cela, cette galerie, appelée ONCE par l'initiatrice, doit être protégée et encouragée. C'est là qu'intervient la problématique la plus importante dans ce domaine, celle de l'éducation artistique du public qui reste du ressort des institutions de l'Etat, à commencer par les établissements scolaires qui ont un rôle prépondérant à jouer dans l'éducation artistique des enfants auxquels il serait judicieux d'inculquer l'amour des arts et de la culture qui leur sera utile à l'âge adulte. C'est ainsi que l'on aura un public pour les arts plastiques qui va encourager les artistes à redoubler d'efforts et permettre aux jeunes de suivre leur passion sans avoir peur de se retrouver sans ressources. Ensuite, ce sont les détenteurs de fonds qui ne vont pas rechigner à s'allier aux artistes à travers l'ouverture de galeries ou autres lieux d'exposition qui feront sans nul doute la promotion de cet art et le démocratiseront pour un réel développement. Mais il est clair que cela ne se fera pas du jour au lendemain et qu'il faudra plusieurs années pour que Tizi Ouzou soit dotée de quelques galeries d'art qui devraient être précédées par une volonté des pouvoirs publics à aboutir à cela.