Le chef de l'Etat a déclaré, lui, que «l'Algérie ne se prononcera pas sur cette question, avant que l'UA ne prenne une décision». Abdelaziz Bouteflika a ajouté qu'il «a des liens d'amitié avec le président sortant, Gbagbo, mais qu'on est dans une situation où la démocratie est en cause». Le président de la République a, par ailleurs, affirmé que l'Algérie «est favorable pour que l'Allemagne soit un membre permanent à l'ONU», qu'elle y apporte son «soutien» et qu'il faut que l'Allemagne «trouve sa position au sein de l'ONU». Cet appui de la part de l'Algérie, Merkel l'a salué, déclarant : «J'en remercie l'Algérie.» Et d'ajouter : «Le poste de membre permanent à l'ONU nous permettra de contribuer à trouver une solution au dossier sahraoui.» Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu'il a eu un entretien enrichissant avec la chancelière fédérale allemande, au cours duquel des questions «d'intérêt commun» ont été discutées, soulignant : «J'ai demandé aux Allemands de nous aider en matière de technologie et ils sont d'accord ; je leur ai demandé d'élargir la coopération pour développer les secteurs hors pétrole, ils sont d'accord aussi.» Le chef de l'Etat a, dans un autre registre, annoncé qu'«on a décidé, d'un commun accord, de créer une commission mixte» en vue de promouvoir les relations bilatérales et de soutenir les efforts des opérateurs économiques des deux pays. «Cette commission a été à l'étude à Alger», a-t-il précisé. Il a également parlé de Désertec, affirmant que l'Algérie va «approfondir» les discussions autour de ce projet avec la partie allemande. La chancelière fédérale a indiqué à ce sujet : «J'ai rassuré le président de la République que Désertec deviendra une réalité.» Une affirmation de taille parce que ce grand projet, auquel les Allemands tiennent énormément, sommeille aujourd'hui dans les tiroirs. Angela Merkel, dans une brève intervention lors de ce point de presse, a donné un aperçu sur les entretiens qu'elle a eus avec le chef de l'Etat, les qualifiant «d'intenses» et «d'intensifs». Elle a affirmé que l'Allemagne va accompagner l'Algérie dans son processus de développement économique, qu'elle va l'aider à gérer les problèmes de sécurité aux frontières et qu'elle souhaite à l'Algérie «un bon avenir». La chancelière allemande a souligné, à propos du Soudan, que l'Union européenne doit assumer ses responsabilités et qu'on «doit veiller à ce qu'il n'y ait pas éclatement du Soudan». Auparavant, le chef de l'Etat a été reçu par le président de la République allemande, avec lequel il s'est également entretenu. Pour la journée de mardi dernier (le premier jour de la visite), la Fédération allemande de l'industrie a organisé une réunion avec les grands patrons de l'industrie allemande et à laquelle a assisté la délégation algérienne. Les ministres de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, de l'Industrie, de la Petite et Moyenne Entreprise et la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, et Mourad Medelci ont jugé que cette rencontre est «positive». Yousfi a rappelé qu'«on n'a pas de contrats à long terme» dans le domaine des hydrocarbures avec l'Allemagne. Il a déclaré qu'«on a discuté avec les opérateurs allemands des opportunités d'affaires qui concernent un certain nombre d'activités, comme l'exploration pétrolière, la pétrochimie, le transport des hydrocarbures, les énergies fossiles et les énergies propres».De son côté, Mourad Medelci a souligné que cette rencontre a constitué une belle occasion pour impulser la coopération entre les deux pays et, du coup, promouvoir les opportunités d'affaires entre hommes d'affaires allemands et algériens. Le ministre a remonté le temps pour souligner que des efforts avaient été faits par le passé pour donner de la consistance à la coopération bilatérale, et que ces efforts, il faut les maintenir, notamment pour les cinq années à venir, allusion bien entendu au plan quinquennal auquel s'intéressent les entreprises allemandes opérant dans différents secteurs d'activité. Le ministre a indiqué que la réunion dont il est question a permis de dégager des pistes de partenariat et d'étendre le champ d'intervention des entreprises qui ambitionnent d'investir en Algérie dans l'énergie comme dans les services. Il a précisera que beaucoup de sociétés présentes à cette rencontre ont mis en relief leur expérience en matière d'investissements qu'elles ont réalisés en Algérie, faisant part des conditions «très satisfaisantes» dans lesquelles elles évoluent en Algérie. Cela les encourage, a-t-il ajouté, à développer davantage leurs activités en Algérie. Il était, cependant, «nécessaire», pour la partie algérienne, «d'expliquer» aux Allemands l'évolution en matière «d'investissements» et de «réglementation» régissant l'économie nationale dans son ensemble. L'évolution des investissements est «très encourageante, mais nous devons faire plus d'efforts pour expliquer ce message», a tenu à souligner Mourad Medelci. Celui-ci a également relevé que les ministres présents à cette conférence ont exprimé «l'engagement» du gouvernement algérien à accompagner l'effort consenti par les entrepreneurs allemands et algériens pour un partenariat solide. Et d'ajouter : «Nous avons confiance en l'expérience allemande. Les Allemands sont professionnels et cherchent toujours à améliorer leurs conditions de travail.» Pour sa part, Benmeradi a mis en exergue «les nouveaux projets de partenariat qui seront bientôt lancés dans le secteur agricole et dans la branche de la mécanique». Appréciant cette rencontre, il dira qu'elle a constitué une «très bonne opportunité» pour évoquer le cadre de partenariat et expliquer le cadre des investissements de manière générale et les mesures prises par le gouvernement en matière de régulation de l'investissement étranger et des facilitations accordées aux opérateurs économiques, qu'il s'agisse des nationaux ou d'étrangers. Sur un autre plan, Benmeradi a relevé que les Allemands présents en Algérie «ne sont pas très nombreux», comparativement à d'autres pays, mais qu'ils sont «très efficaces», appelant, à ce propos, que dans tous les investissements envisagés avec l'Allemagne, le transfert du savoir-faire et la formation occupent une place très importante». L'Allemagne reste l'un des partenaires traditionnels de l'Algérie. Le cours des affaires est en train de prendre de la consistance. Le volume des échanges aussi. En matière de relations commerciales, les exportations allemandes vers l'Algérie représentent 7,04% de l'ensemble de la structure des importations algériennes et l'Allemagne est aujourd'hui le 4ème fournisseur de l'Algérie avec un montant des exportations ayant atteint, en 2009, quelque 2,765 milliards de dollars et enregistrent une évolution de 13,18% par rapport à 2008, contre 334 millions que représentent, pour la même année, les exportations algériennes vers l'Allemagne. La balance commerciale enregistre un déficit chronique au détriment de notre pays. En 2009, le déficit a atteint 2, 345 millions de dollars. Les exportations allemandes vers notre pays sont constituées de biens d'équipement industriel destinés à l'outil de production, ainsi que des biens de consommation non alimentaire. Les exportations algériennes hors hydrocarbures en direction de l'Allemagne restent insignifiantes.