Photo : APS Par Mekioussa Chekir «En dépit du chemin parcouru par notre continent depuis la Déclaration d'Alger de juillet 1999 condamnant les changements anticonstitutionnels de gouvernements, ce phénomène est revenu sur les devants de l'actualité au cours de ces deux dernières années. La situation préoccupante de la crise en Guinée est symptomatique d'une telle évolution aussi dangereuse que préjudiciable à notre continent.» C'est là un extrait de l'intervention du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, prononcée hier au deuxième jour des travaux du 14e Sommet de l'Union africaine (UA), dont les travaux se déroulent à Addis-Abeba, rapporte l'APS. Tout en rappelant que «les textes de l'Union africaine permettent de prendre en charge efficacement la gestion des crises générées par le recours à des pratiques contraires à l'ordre constitutionnel», le chef de l'Etat a plaidé pour une position «ferme» et «sans concession» à l'égard de ces pratiques. L'intervenant rappellera, à ce propos, les engagements pris récemment à Tripoli, au cours de la session spéciale sur les conflits en Afrique et réitérera la volonté de l'Algérie à continuer à apporter sa contribution à l'effort collectif en vue d'un règlement des conflits qui privilégie le dialogue aux armes. Cela, a-t-il ajouté, d'autant qu'à l'issue de cette rencontre, l'année 2010 a été déclarée celle de «la paix». Et de saluer les efforts déployés par le président Blaise Compaoré pour «rapprocher les points de vue des acteurs et hâter une sortie de crise». Lesquels efforts ont permis d'arrêter un agenda qui permettra, souhaite Bouteflika, à la Guinée de renouer avec l'ordre constitutionnel à travers des élections présidentielles libres et crédibles. Le président Bouteflika déclare enregistrer «avec satisfaction» le règlement des situations de conflit en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Burundi, aux Comores, au Sierra Leone et au Liberia. Il plaidera, par ailleurs, pour «une attention particulière» à des pays en transition afin d'empêcher tout risque de retour à l'instabilité. «L'esprit de compromis qui a prévalu dans la gestion des situations de crise au Kenya et au Zimbabwe a favorisé leur dénouement. Il en est de même en Mauritanie où l'engagement de toutes les parties a permis un retour à l'ordre constitutionnel. En Guinée-Bissau, enfin, l'élection présidentielle a mis fin à la crise née des malheureux événements du 2 mars 2009, sur lesquels les éclairages nécessaires sont en train d'être apportés». L'intervenant notera avec autant de «satisfaction» la prévalence de la paix au Soudan et au Tchad qui ont engagé un processus d'apaisement, qu'il espère «irréversible». Au sujet du Soudan, il conviera les pays membres de l'UA à accompagner ce pays dans cette phase cruciale de son histoire (élections générales et référendum) et déplorera que l'appel adressé au Conseil de sécurité de l'ONU pour la suspension du mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le Président Omar El Béchir n'ait pas trouvé d'écho. Le président Bouteflika déplorera, en revanche, la persistance de l'insécurité et de l'instabilité dans d'autres régions du continent noir. Il en citera le cas de la Somalie «où la situation n'a guère connu d'amélioration significative, en dépit de l'accord de Djibouti que notre organisation a parrainé et de l'élection du président Sheikh Sharif Sheikh Ahmed et du Parlement élargi qui avaient suscité un immense espoir». Et de regretter que la décision de déploiement d'une mission de maintien de la paix des Nations unies n'ait pu aboutir : «La crise somalienne ne se réduit pas à une simple question de piraterie maritime, qui est une conséquence de l'absence d'autorité nationale dans ce pays. Bien entendu, ces actes terroristes doivent être condamnés et combattus avec la plus grande rigueur par la communauté internationale», a-t-il poursuivi à ce sujet. Notons enfin que les travaux du 14e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA ont repris hier matin à Addis-Abeba en séance à huis clos consacrée à l'examen des rapports de commissions de l'Union.