La Côte d'Ivoire est toujours dans l'impasse, au lendemain d'une nouvelle médiation africaine à Abidjan. La tentative de résoudre la crise opposant Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo a encore échoué. Et la menace d'une opération militaire ouest-africaine est toujours de mise malgré la complexité de la mettre en exécution. «Il y a toujours une impasse», a affirmé Goodluck Jonathan, le chef de l'Etat nigérian et président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). A Abuja au Nigeria, les émissaires de la CEDEAO et de l'Union africaine (UA) semblaient faire un bilan mitigé de leurs médiations. Mais la fermeté est affichée comme pour affirmer que la porte restait toujours ouverte à un dialogue salvateur. Pour les médiateurs, l'alternative pour Laurent Gbagbo reste la même : céder la Présidence à Ouattara ou risquer d'être délogé par une force militaire ouest-africaine. Le président nigérian est plutôt sceptique. La résolution de la crise risque de prendre du temps «car il faut beaucoup de pression internationale pour convaincre des gens comme ça», dira-t-il. Pour la seconde fois en moins d'une semaine, les présidents béninois Yayi Boni, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires se sont déplacés à Abidjan au nom de la CEDEAO. Mission : désamorcer une crise qui n'a que trop duré et faire éviter un bain de sang à la Côte d'Ivoire. Les intermédiaires ont à nouveau longuement discuté avec les deux rivaux, séparément, et étaient cette fois accompagnés par le Premier ministre kényan Raila Odinga. Ce dernier, voulant peut-être forcer des «portes closes» a évoqué des progrès et une possibilité de rencontre Gbagbo-Ouattara «à certaines conditions». Faux, répond promptement le camp Ouattara qui dément formellement l'éventualité d'une telle rencontre. Conforté par le soutien international, Ouattara s'en tenait toujours à ses positions formulées après sa rencontre avec les médiateurs africains : il est le «président légitime». Pour Ouattara, les discussions étaient «terminées». Pour son adversaire, ça semble aussi le cas. Lors de ses vœux de Nouvel An à la nation, Laurent Gbagbo s'est voulu clair sur ses desseins, réaffirmant qu'il était le «seul président» de la Côte d'Ivoire et qu'il ne céderait pas aux pressions. Gbagbo a néanmoins ouvert une brèche en réitérant sa proposition de recompter les voix de la présidentielle et de mettre en place un «comité d'évaluation» sur le processus électoral controversé. L'impasse actuelle se durcit. Ce qui pourrait rapprocher davantage le pays de l'irréversible. M. B.