Les émissaires de la Cédéao ont annoncé mercredi qu'ils poursuiveront leur mission de bons offices pour régler la crise en Côte d'Ivoire après avoir tenté de convaincre le président sortant Laurent Gbagbo à Abidjan de céder le pouvoir à Alassane Ouattara et éviter l'option d'une intervention militaire dans son pays. Cette délégation est composée des chefs d'Etat béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires, qui ont eu une série d'entretiens mardi à Abidjan avec M. Gbagbo et M. Ouattara. Ils ont également rencontré le chef de l'opération de l'ONU dans ce pays (Onuci), accusée par Gbagbo de partialité et de soutien à Ouattara. Aucune information n'a filtré sur le contenu des entretiens, le président béninois s'étant contenté de dire à la presse que "tout s'est bien passé", alors que les deux protagonistes campent toujours sur leurs positions, refusant de céder. Les partisans de Gbagbo ont réaffirmé que ce dernier est le seul président légitime du pays et ont averti d'un risque de "guerre civile" en cas d'opération armée de la Cédéao, soulignant la présence de millions de ressortissants ouest-africains en Côte d'Ivoire. Dans le camp opposé, les pro-Ouattara, soutenus par la communauté internationale affichent la même détermination, en fustigeant "l'attitude irresponsable" de Laurent Gbagbo sur l'éventualité d'une guerre civile et condamnent ses propos. Les deux parties ont demandé quelque temps pour réfléchir dans le but de trouver une solution viable pour la conclusion du processus électoral, seule sortie capable de promouvoir la paix et la stabilité durables dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest", a indiqué un communiqué de la présidence cap-verdiennne. Selon le texte, une autre mission est prévue la semaine prochaine pour poursuivre les efforts dans le but trouver une issue à la crise politique dans ce pays. La médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) est un "dernier geste" pour tenter de résoudre pacifiquement la crise ivoirienne et d'éviter l'option militaire pour déloger le président sortant. Les trois chefs d'Etat ouest-africains doivent rendre compte dans la journée à Abuja de leur mission au chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de cette organisation régionale. La mission de la Cédéao est intervenue dans un climat de très haute tension, marqué par l'obstination de Laurent Gbagbo à garder les rênes du pouvoir quitte à s'exposer aux sanctions internationales et isoler le pays, importante économie régionale et producteur mondial de Cacao. Le président sortant a menacé mardi de renvoyer des ambassadeurs de pays qui, à la demande de son rival Alassane Ouattara, "entendent mettre fin à la mission" de ses propres représentants. Après un mois de grave crise politique, Gbagbo et les forces armées fidèles contrôlent toujours l'essentiel des leviers du pouvoir, dont l'administration et la télévision publique RTI. Cantonné dans le "Golf hôtel" à Abidjan, sous escorte d'éléments de la force onusienne (Onuci), le gouvernement de Ouattara, conduit par Guillaume Soro chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), avait lancé un appel à la grève générale, mais pour des raisons économiques il a été peu suivi. Mardi, le cabinet Ouattara a réitéré "son appel pressant à tous les fonctionnaires et agents de l'Etat de s'abstenir de collaborer, de quelque manière que ce soit, activement ou passivement, avec le régime illégal et illégitime de Laurent Gbagbo". Le porte-parole du gouvernement Ouattara, Patrick Achi, a en outre affirmé que "le statut de président de la République d'Alassane Ouattara n'est pas négociable", et qu'il s'agit maintenant de négocier les conditions de départ de Gbagbo. La situation demeure très tendue en Côte-d'Ivoire où les violences entre partisans des deux présidents proclamés ont fait 173 morts et plus de 200 blessés entre les 16 et 21 décembre, selon des estimations de l'ONU. Ces violences ont également poussé quelque 19.120 Ivoiriens à se réfugier au Liberia voisin par crainte que "l'impasse politique conduise à la guerre civile". Dans le cadre de la poursuite des efforts africains, l'UA qui a réitéré son appel à résoudre pacifiquement la crise en Côte d'Ivoire, a chargé le Premier ministre kényan Raila Odinga de coordonner les efforts de l'organisation panafricaine pour tenter de débloquer la situation dans ce pays.