Photo : Riad Par Hasna Yacoub Comme partout dans les quartiers d'Alger et différentes régions d'Algérie, Dar El Beïda s'est embrasée. Des jeunes ont allumé les pneus de véhicules, cassé les vitres et saccagé les sièges des banques. Celui de la Banque nationale d'Algérie (BNA) a été complètement détruit. Le courroux des jeunes s'est également déversé sur le siège de la Société générale dont les meubles ont été transformés en un tas de détritus. A la sortie de Dar El Beïda, le siège de la direction générale d'Orascom Télécom Algérie (Djezzy) n'a pas échappé à leur colère. Récemment rénové après les attaques qu'il a subies le lendemain du match Algérie-Egypte, il a de nouveau été la cible de jets de pierres des émeutiers qui ont fait partir en éclats sa grande façade en verre. A peine un à deux kilomètres plus loin, du côté de l'université de Bab Ezzouar, d'autres casses sont enregistrées. Les émeutiers ont réussi à accéder aux sièges de Nedjma et l'hôtel Ibis. Les forces de l'ordre ont réussi, toutefois, à faire échouer la tentative d'accéder au nouveau centre commercial de Bab Ezzouar. Tard dans la nuit, les échauffourées entre jeunes et policiers se sont apaisées. Mais ce retour au calme semble précaire. La tension est toujours dans l'air et la braise n'est pas totalement éteinte. Une simple étincelle et le feu reprendra de plus belle. Que se passe-t-il ? Un ras-le-bol. Un ras-le-bol qui ne s'explique pas seulement par les augmentations des prix du sucre et de l'huile. Car, ce ne sont là que des éléments déclencheurs et non pas des causes fondamentales. On peut faire toutes les analyses possibles et imaginables pour tenter de comprendre ce tsunami de colère : manipulations pour faire reculer l'Etat dans sa lutte contre l'informel ; pour desserrer l'étau sur les groupes armés encerclés ou conduire à une colère généralisée qui a explosé spontanément. Le plus important n'est-il pas de savoir - s'il s'agit de manipulations - comment un Etat n'arrive-t-il pas à prévoir les manipulations en mettant en amont les barrières nécessaires ? Pis, il accepte tout simplement de reculer. De comprendre également comment un gouvernement peut-il être aussi détaché de son peuple et ne pas voir venir l'explosion sociale ? Si les émeutes sont l'œuvre d'un lobby qui réagit après l'éradication des marchés informels, l'obligation de facturation, l'entrée en vigueur du paiement par chèque… quelle qu'en soit la cause, n'existe-t-il pas en Algérie d'analystes capables de prévoir sa réaction et de conseiller le gouvernement afin de contrecarrer son attaque ? Sommes-nous face à une faillite de gestion ?