Des centaines d'arrestations, des dizaines de blessés parmi les manifestants et les services de sécurité, des édifices publics et des véhicules de particuliers saccagés et autres dégâts enregistrés, tel est le bilan des échauffourées qui ont eu lieu hier durant plusieurs heures de la journée entre les éléments de la brigade antiémeutes et des groupes de manifestants à Chlef. Cela s'est produit à partir de 10h lorsque des centaines de jeunes ont été empêchés de se rapprocher du siège du tribunal de Chlef où devait se dérouler le procès — après avoir été reporté la semaine dernière — du représentant de la coordination des sinistrés des différents quartiers et localités de la wilaya, M. Mohamed Yacoubi. “C'est en guise de solidarité avec les militants de cette coordination que nous sommes venus nombreux pour assister à ce procès. Nous voulons mettre un terme à ce préfabriqué qui a trop duré, et qui envenime entièrement la vie familiale de chacun de nous”, lancent de nombreux citoyens qui observaient un sit-in juste avant le déclenchement des émeutes en question, entre les deux parties. Déjà tôt le matin, la ville a été totalement barricadée et un impressionnant dispositif de sécurité a été mis en place à travers l'ensemble du chef-lieu de la commune, particulièrement au niveau de ses principaux boulevards et artères, qui étaient le théâtre de toutes formes de violence durant presque toute la journée. Une fois repoussés loin dudit tribunal, les manifestants ripostaient immédiatement à l'offensive des policiers et commençaient alors à jeter toutes sortes de pierres et d'objets en leur direction. Cette opération a duré plusieurs heures avant qu'elle ne s'élargisse par la suite et touche ainsi d'autres endroits du centre-ville. Poursuivis toujours par les mêmes éléments de la brigade antiémeutes, les manifestants n'ont trouvé mieux que de s'acharner sur tout ce qui se trouvait devant eux, et ce, malgré l'utilisation des grenades lacromygènes par les policiers lors de leurs interventions. Au centre-ville, les manifestants ont lancé des pierres en direction des façades vitrées des sièges d'Algérie Poste, d'Algérie Télécom, du CPA, du musée Abdelmadjid-Meziane, de la banque du Golfe Arabe, les détruisant de fond en comble. Même certaines voitures stationnées le long des chaussées n'ont pas échappé aux actes de violence et ont été sérieusement endommagées. D'ailleurs tout comme les barrières de protection et les lampadaires de la nouvelle trémie se trouvant à la sortie ouest du centre-ville. Quant au siège du bureau de poste de Haï Bensouna, il a été également incendié par les manifestants qui n'ont pas hésité à saccager le siège de la faculté de droit de l'université Hassiba-Ben-Bouali. Durant toute la journée d'hier, les sirènes des ambulances, transportant des blessés et celles des véhicules de police, n'ont pas arrêté de retentir au moment où l'ensemble des employés étaient cloîtrés à l'intérieur de leurs bureaux de peur d'être touchés par les émeutiers. Outre cela, ceux-ci ont bloqué certaines routes de la ville au moyen de pneus enflammés. Ahmed Chenaoui