Synthèse de Ghada Hamrouche L'Agence internationale de l'énergie (AIE) tire la sonnette d'alarme concernant une éventuelle flambée des prix du pétrole. Révisant à la hausse ses prévisions relatives à la demande mondiale de pétrole pour 2010 et 2011, elle a prévu que la récente montée du prix allait poser «un vrai risque économique». L'AIE a relevé ses prévisions pour les deux années citées de 320 000 barils par jour, par rapport aux niveaux de demande mentionnés dans son rapport de décembre. L'Agence table maintenant sur une hausse de la demande de 2,7 millions de barils par jour en 2010 par rapport à 2009, à 87,7 millions de barils par jour, et sur une progression de la demande de 1,4 million de barils par jour en 2011, à 89,1 millions de barils par jour.Le baril de brut a frôlé le seuil symbolique des 100 dollars début janvier, «suscitant des inquiétudes sur l'impact des prix élevés sur la reprise économique mondiale», affirme l'AIE dans ses prévisions mensuelles, soulignant que les cours ont grimpé de 25% depuis septembre après une année de relative stabilité. Selon le rapport de l'AIE, cette envolée est due à «une croissance économique solide en Asie, notamment en Chine, ainsi qu'à une demande plus forte que prévu» dans les pays riches membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont l'agence est le bras énergétique. «Le niveau de prix récent pose déjà un vrai risque économique», mettent en garde les auteurs dudit document. Il souhaite, cependant, que le baril ne flambe pas au-delà des 100 dollars. D'autant, que pour le quatrième mois consécutif, l'AIE a revu à la hausse ses prévisions de demande d'or noir en 2010 et 2011, évoquant une croissance économique mondiale plus vigoureuse et un hiver particulièrement rigoureux dans l'hémisphère Nord. Signe encourageant pour les pays industrialisés, la consommation plus forte que prévu dans la zone OCDE semble due davantage à la reprise économique qu'aux nécessités de chauffage. Hors OCDE, la demande chinoise a enregistré un nouveau record en novembre (10,2 mb/j), dopée par les besoins en gasoil. Selon le rapport, la demande mondiale a progressé en 2010 de 2,7 millions de barils par jour (mb/j) par rapport à l'année précédente (+3,2%), soit 320 000 barils par jour de plus que prévu le mois dernier. Pour 2011, les prévisions sont aussi revues à la hausse de 320 000 barils par jour par l'Agence, qui table sur une augmentation de 1,4 mb/j par rapport à 2010 (+1,6%). De son côté, alors que le marché est tendu, l'offre totale de brut a diminué de 0,3 mb/j en décembre, à 88,1 mb/j, notamment en raison de problèmes de production techniques ou liés aux intempéries dans les Etats non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). L'AIE, dont le siège est à Paris, évoque notamment une fuite sur un oléoduc en Alaska et un incendie qui a entravé la production de sables bitumineux canadiens. Sur un an, l'offre mondiale progresse toutefois de 2,1 mb/j. La production de l'Opep a, elle, augmenté de 250 000 barils par jour pour atteindre 29,58 mb/j en décembre, son plus haut niveau depuis deux ans, poursuivant sur sa lancée croissante entamée au printemps.