Les prévisions faites par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) au mois de juin sur une reprise timide de la demande mondiale en pétrole de 0,6% en 2009 et de 1,4% durant la période située entre 2008 et 2014 semblent être contredites par des déclarations faites par son économiste en chef Fatih Birol. Dans un entretien publié hier par le quotidien britannique The Indepedent et repris par les agences, l'économiste en chef dresse un tableau alarmant de la situation du secteur pétrolier et des effets que cela pourrait avoir sur l'économie mondiale. Ainsi, selon Fatih Birol, la reprise économique serait menacée par une crise énergétique qui proviendrait d'un manque de pétrole à court terme. L'économiste en chef de l'Agence suggère aux gouvernements d'abandonner dès maintenant le pétrole, car « un jour, nous serons à court de pétrole ». Comme principal argument, il avance le fait qu'une estimation effectuée sur plus de 800 des principaux champs pétroliers au monde a montré que la plupart d'entre eux ont déjà atteint leur pic de production et que leurs réserves fondent deux fois plus rapidement que ce qui était prévu il y a deux ans. Trois facteurs pourraient provoquer une crise : la hausse des prix du pétrole, une augmentation rapide de la demande et une stagnation, ou un recul, de la production de pétrole. Si pour le premier aspect, il existe déjà un consensus sur le risque d'une nouvelle hausse des prix du pétrole à court terme à cause de la baisse des investissements provoquée par la récente chute des prix du pétrole et une reprise de la demande assez rapidement, la thèse qui suggère un manque de pétrole à court terme a toujours été contredite par les principaux pays producteurs de pétrole dont les pays membres de l'Opep et les grandes compagnies pétrolières. L'économiste en chef de l'AIE considère que le pic pétrolier sera atteint plus tôt que prévu, soit dans une décennie au lieu de deux, comme il avait été prévu auparavant. Pour lui, les gouvernements comme les citoyens ne sont pas conscients de la gravité de la situation. Si l'économiste de l'AIE essaie de tirer la sonnette d'alarme, il s'avère que pour l'instant les gouvernements n'ont pas d'alternative à proposer à court et à moyen termes pour remplacer le pétrole. De plus, les thèses avancées par les grandes compagnies pétrolières et les pays producteurs sont moins pessimistes que celles qui sont développées par l'économiste de l'AIE. Les prix du pétrole ont connu une nouvelle hausse hier à la faveur du recul du dollar par rapport à l'euro et aux résultats positifs enregistrés dans certains secteurs de l'économie aux Etats-Unis. Les signes d'une reprise de la demande en Chine ont joué aussi en faveur de la hausse. Hier, vers 16h 30 GMT, le light sweet crude à New York était à 71,61 dollars le baril. Tandis que le brent était à 73,55 dollars le baril.