Ce sont plus les immolations par le feu que les émeutes, au demeurant récurrentes, qui ont suscité une sorte de sursaut de conscience dans la classe politique. Mais un sursaut loin d'être en phase avec les aspirations de ceux qui ont recours à la rue comme seul canal d'expression ou encore ceux qui décident de mettre fin à leur vie avec un courage déconcertant en se transformant en torches humaines. En effet, ce n'est pas en organisant des journées parlementaires dans des salles fermées qu'on arrivera à contenir le ras-le-bol d'une jeunesse désespérée. Car, par définition, un député muni d'un mandant national est censé se trouver aux côtés de ses électeurs, sur le terrain, lorsqu'il n'a pas de séance parlementaire. Or, il est rare qu'un élu retourne dans sa wilaya d'origine pour être à l'écoute de ses concitoyens et transmettre ses revendications aux gouvernants. En général, ce sont des billets sans retour qu'ils prennent une fois arrivés du boulevard Zighoud-Youcef. Les élus locaux n'échappent pas à la règle. Une fois installés dans leur confortable siège, ils deviennent insaisissables avec cet argument massue qu'ils ont été dépourvus de la majorité de leurs prérogatives, à l'exemple de la distribution de logements. Du coup, même les jours de réception auxquels ils sont astreints pour accueillir les demandes de leurs électeurs deviennent une véritable corvée. Cela quand ils ne sont pas aux abonnés absents, arguant de tous les subterfuges tels que les réunions avec le premier magistrat de la wilaya ou avec le chef de daïra. Mais aucun d'entre eux ne s'est donné la peine d'expliquer à ces mêmes électeurs qu'ils courtisent à l'approche de chaque échéance qu'ils ont peut-être les mains liées du fait que les pouvoirs publics leur ont ôté le pouvoir de prendre telle ou telle mesure. Mais qu'ils se feraient un plaisir de transmettre leurs problèmes à qui de droit, voire de les défendre. C'est aussi cela le devoir d'un élu, se battre pour le bien-être de ses administrés, en tapant sur la table. Rien de tout cela. Pourtant, il est connu que les Algériens ne sont pas des sauvages, même si des brebis galeuses sévissent çà et là. Lorsqu'on leur prête une oreille attentive, qu'on les écoute, qu'on ouvre un débat avec eux, ils savent mesurer l'importance de la chose. Et ils n'auront que de l'estime pour leur interlocuteur qui s'est donné la peine de leur parler. Et donc leur témoigner le respect qu'ils méritent tout en le lui rendant bien, même s'ils devaient prendre leur mal en patience. Mais rien de tout cela. Qu'ils soient élus locaux ou nationaux, les intérêts personnels deviennent la priorité. Et c'est quand il y a le feu en la demeure qu'ils se découvrent soudainement une âme de communicant, tout en restant dans leur tour d'ivoire ou encore en train de débattre avec ceux qui sont les moins concernés. Il serait temps qu'ils sortent de cette tour pour aller à la rencontre et des gueux et des autres citoyens. F. A.