Synthèse de Sihem Ammour L'association «Ichraq Bouna» de Annaba a organisé mercredi et jeudi derniers au palais de la culture et des arts Mohamed-Boudiaf d'Annaba un séminaire sur la thématique de la «hadra aïssaouia et la chanson soufie», animé par des chercheurs, des représentants d'associations culturelles, des hommes de lettres et des artistes. Lors de cette rencontre, les universitaires Mohamed-Lakhdar Abou Bakr et El Hadi Tarcha ainsi que l'artiste Zineddine Benabdallah ont mis en relief le rôle des zaouïas aïssaouias dans la préservation de la musique andalouse et de la chanson soufie, rapporte l'APS. Mettant l'accent sur l'importance de la protection et de la valorisation du patrimoine matériel et immatériel national, les conférenciers ont estimé que les zaouïas aïssaouias avaient contribué à la renaissance culturelle et artistique, en plus de leurs missions traditionnelles au service des nécessiteux. En marge du séminaire, une exposition a été organisée conjointement par les associations «Ichraq Bouna» et «Sahoua El Madina» au théâtre régional Azzedine-Medjoubi de Annaba. Quant à la soirée de jeudi dernier, elle a été marquée par la talentueuse prestation des artistes Zineddine Benabdallah, Abdelkader Benkhaled Zaghlane et de plusieurs autres représentants d'associations aïssaouas, qui ont plongé théâtre régional Azzedine-Medjoubi dans une ambiance mystique baignée par les chants religieux et spirituels. Pour rappel, Zineddine Benabdallah, avait précédemment abordé dans nos colonnes la hadra aïssaouia qui obéit à des phases successives débutant par un rituel hizb intitulé Soubhan al daim (louanges de l'Eternel), chant récité, à vocabulaire coranique qui ouvre «La lila» (soirée). Il sera suivi d'«el dakhla», un prélude avec des chants gais. Avant le repos, on procédera à une nouba aïssaouia et un medh. La deuxième étape de la soirée est consacrée à «el adkar» sous forme de medh. La phase précédant la première étape d'«el hadra» (assemblée ou séance de confrérie, un rituel de danse et de transe), durant laquelle des bambins aïssaouis puisent dans leur pouvoir pour jouer aux «petites épées» et qui sera marqué par «ouard el kdoum», chants sans percussions suivies. «El mjerred», danse collective réservée aux membres, précédera la deuxième phase avec l'entrée en jeu «du fantastique, dit lazaba» des jeunes et adultes. Le rituel s'achèvera par la «rouina» et la «fatiha». Il est à souligner que la confrérie des Aïssaouas figure parmi les plus importantes dans le monde arabo-musulman et plus spécialement au Maroc et en Algérie où elle reste très populaire. Cette confrérie religieuse fut fondée au XVIe siècle par Sidi Mohamed Ben Aïssa, plus connu au Maroc sous le nom de «cheikh El Kamel» (le cheikh complet ou parfait), qui serait né en l'année 872 de l'hégire (1465-1466 de notre comput). Mais, c'est en Algérie, plus précisément à Ouezra, dans la région de Médéa où la première zaouïa aïssaouia a été créée par cheikh Hamed Ben Allel à la fin du XVIIIe siècle, qu'elle a étendu son influence. L'apport de la confrérie des Aïssaouas, depuis sa création, a considérablement, enrichi le patrimoine culturel et musical soufi du Maghreb. La confrérie avait sa propre école de chants mystiques qui, selon des chercheurs, a contribué à la conservation du patrimoine musical andalou.