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La leçon Kadhafi
Publié dans La Tribune le 28 - 02 - 2011

L'hypothèse du départ de Mouammar Kadhafi du pouvoir était presque une vue de l'esprit, il y a tout juste quelques jours.
Personne, ou presque, n'a misé sur la chute d'un des plus arrogants tyrans que l'histoire moderne ait connus. Ni en Libye ni ailleurs. Tout le monde, à part peut-être ceux qui ont déclenché la révolte, était occupé à commenter les propos hautains et absolument inconscients de l'homme qui se considérait, des années durant, le cerveau du monde. Il se laissait aller, on s'en souvient, à un commentaire des plus détestables sur le renversement du régime Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie. «Il n'y a pas de raison de se révolter», disait-il entre autres.Le dictateur, qui voulait se convaincre que «le multipartisme est un assassin de la démocratie», est sur le point de descendre de son piédestal – si ce n'est pas déjà fait à la lumière de l'accélération des évènements. Il sera un autre exemple que, tôt au tard, la tyrannie doit être abolie de ce bas monde.Quoi qu'il advienne, les peuples parviennent toujours à bout de leurs oppresseurs. Depuis la nuit des temps, cette règle s'est vérifiée. Elle se vérifie encore aujourd'hui avec la chute des dictatures arabes – pas toutes pour l'instant.Ce qui est lamentable dans cette descente aux enfers de Kadhafi est sans aucun doute la lâcheté de la communauté internationale. Au nom de la défense des intérêts pour certains ou de la «non-ingérence» pour d'autres, la communauté des nations a laissé faire un assassin qui, pour se maintenir au pouvoir, applique la règle de la terre brûlée. Celui qui se dit «après moi, le déluge». Il a déversé son fiel, allumé le feu et fait abattre son «déluge» sur un peuple sans défense, sous les projecteurs d'un monde imperturbable. «Pourvu que cela ne se passe pas chez nous», doivent se dire ces dirigeants qui se taisent devant les agissements criminels du tyran de Tripoli. C'est tout de même une complicité d'assassinat. C'est une «non-assistance à personne en danger». Cela est valable pour les Occidentaux comme pour les pays de la région.La décision prise hier par le Conseil de sécurité de l'ONU est venue réparer une injustice commise contre le peuple libyen. Elle ne met pas fin au massacre, mais elle a une valeur symbolique. Elle signifie aux autres despotes que leur sort est désormais entre les mains de leurs peuples et celles de la
communauté internationale. Ces nouvelles résolutions du Conseil de sécurité posent, cependant, un problème de taille. Elles sont justes et adéquates dans le dossier libyen. Mais le Conseil de sécurité, tout comme l'ensemble de la communauté internationale, a fait preuve de deux poids, deux mesures lorsqu'il s'agit de s'attaquer à des pays comme Israël. L'Etat hébreu fait depuis longtemps ce qu'a fait Kadhafi en quelques jours. Mais l'obstination des alliés de Tel-Aviv, notamment les Etats-Unis, fait échouer toute tentative de s'attaquer à cette entité qui ne reconnaît aucune morale.Ceci est un autre problème. Il est plus ancien que l'installation des dictatures dans le monde dit arabe. Ce qui n'enlève en rien la responsabilité des pays composant les Nations unies dans ce qui se passe en Palestine et rend les dirigeants du monde entier encore plus responsables devant les agissements criminels de beaucoup de
despotes sur la planète. C'est en cela que Kadhafi doit servir de leçon.
A. B.


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