On ne peut parler du sport scolaire sans citer le lycée sportif de Draria, qui est une initiative inédite en Algérie. Cette année encore, celui-ci a brillé, au mois de juillet dernier, par le taux de réussite à l'examen du baccalauréat. Apparemment, la stratégie des plus hautes autorités du pays, qui vise à allier les études et le sport, porte ses fruits, du moins jusqu'à un certain niveau. Donc, pour cette session de juin 2008, près de 73% des élèves dudit lycée ayant passé l'examen ont réussi. Il est parmi les rares lycées du pays à avoir enregistré un taux de succès supérieur au taux national. D'ailleurs, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, en compagnie du ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Djamel Ould Abbes, s'est rendu le 19 juillet dernier au lycée pour féliciter les lauréats. Pour M. Djiar, «ces résultats pédagogiques viennent se greffer sur les bons résultats sportifs enregistrés par les athlètes de cet établissement, véritable pépinière de jeunes talents», avant d'exhorter les jeunes lauréats à «poursuive leur parcours sportif».
L'aventure a commencé en 2001 Pour rappel, face au marasme et à la situation chaotique dans laquelle se retrouve le sport national depuis plusieurs années déjà, les plus hautes autorités du pays avaient lancé en 2001 le lycée sportif national de Draria. Une initiative louable qui, de l'avis de son premier responsable, M. Makhlouf Slimane, après quelques années seulement d'existence, a commencé à porter ses fruits. Pour preuve, lors des derniers Jeux africains à Alger, sur la trentaine d'athlètes inscrits au lycée ayant pris part aux différentes disciplines, neuf d'entre eux ont remporté des médailles. Les autres ont obtenu des résultats encourageants, vu leur jeune âge. Au total, il y avait trois médailles d'or, deux d'argent et six de bronze. En tout cas, même s'il n'est pas un centre de formation sportive proprement dit, le lycée sportif de Draria arrive à concilier la scolarité et la pratique sportive. Ce qui est en soi l'objectif majeur des responsables du lycée, affirme M. Makhlouf Slimane. Seulement, même si le lycée n'a vu le jour qu'en 2001, l'idée avait commencé à faire son chemin dans les années 70, lorsque les autorités d'alors avaient tenté de lancer des classes de sport dans des lycées normaux. Une initiative qui avait vite échoué avant d'être reconduite une seconde fois durant les années 80-90, avec le même résultat négatif. Mais, en 1994, il a été décidé de construire un lycée sportif sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), qui a ouvert ses portes en octobre 2001. «C'est un lycée qui a été créé pour prendre en charge les jeunes talents sportifs. Vous savez que, dans les lycées normaux, il est difficile de pratiquer le sport et d'étudier en même temps, surtout quand les athlètes arrivent à un certain niveau. Donc, notre lycée a comme mission principale de concilier sport et études. En termes plus clairs, il faut essayer de tout faire pour que nos athlètes montent sur le podium et décrochent leur baccalauréat», nous a déclaré, il y a quelque temps, M. Makhlouf Slimane. Ainsi, à titre d'exemple, le décret de la création du lycée sportif prévoit, entre autres, des cours de rattrapage pour les élèves qui partent en stage (quand ils reviennent, une équipe pédagogique est disponible pour les prendre en charge), ce qui n'existe pas dans un lycée normal. Une particularité, dans le lycée sportif national : le résidanat est obligatoire pour mieux prendre en charge et la scolarité et la pratique sportive de l'élève. «C'est ce qu'il y a de mieux pour un suivi parfait de ces jeunes talents, et ce, sur tous les plans», ajoutera-t-il.
Tous les moyens sont disponibles… Le lycée sportif national a une capacité de 300 lits (ce chiffre concerne l'année scolaire qui s'est écoulée) ; il ne peut en recevoir plus, puisque l'internat est obligatoire. En outre, depuis septembre 2006, l'annexe de Blida a ouvert ses portes (inaugurée officiellement par le chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, en mai 2007 lors de sa visite dans cette wilaya). L'année dernière, cet établissement a accueilli 70 élèves et compte atteindre, dans un proche avenir, indique le directeur du lycée sportif national, la capacité réelle de 200 lits. Trois disciplines sont enseignées, le football, le handball et le basket-ball, contrairement au lycée sportif national de Draria dans lequel les élèves peuvent pratiquer douze disciplines (football, handball, basket-ball, volley-ball, judo, karaté, taekwondo, lutte, tennis de table, boxe, athlétisme et natation). Deux disciplines se pratiquent à l'extérieur, vu l'absence de terrain de football et de piste d'athlétisme au sein du lycée. Les élèves qui pratiquent ces deux sports s'entraînent au niveau des annexes du stade du 5 Juillet. Des démarches ont été entreprises pour réaliser, à Draria même, un stade de football et une piste d'athlétisme. Le projet est en bonne voie, croit-on savoir. Pour le reste, l'établissement est équipé d'un bloc médical, avec une aile de récupération et une autre de soins, d'un bassin hydro-massage et d'un sauna. Il y a également une salle de rééducation professionnelle équipée du matériel nécessaire pour la remise en forme, et une aile de soins avec un cabinet médical, un cabinet de psychologie, un cabinet dentaire et une infirmerie avec une salle d'observation. D'autre part, la direction du lycée a mis aussi à la disposition des élèves quelques salles de loisirs, telles une cafétéria, une salle de jeux et une salle de projection. Ses responsables font tout pour que «les élèves évoluent dans un cadre convivial et familial».
Les conditions d'accès au lycée sportif Les élèves désirant intégrer le lycée sportif de Draria doivent remplir deux conditions essentielles : premièrement, le candidat doit être un sportif ; deuxièmement, il doit avoir le BEF et l'admission au lycée. Et c'est les fédérations sportives respectives, la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) et les directions de l'éducation, à travers le territoire national, qui se chargent de la prospection. Après l'envoi des dossiers, les candidats doivent passer un concours sportif organisé annuellement à l'issue duquel les meilleurs seront intégrés au lycée en fonction des places disponibles, bien évidemment. Les concours sont arrêtés d'un commun accord avec le représentant du MJS et les représentants de chaque fédération. Pour chaque discipline, une commission est chargée de l'évaluation des données. Elle est composée du staff technique et médical du lycée et de celui de la fédération concernée, en plus du représentant du MJS. Tous les élèves doivent subir ce concours, hormis les champions (ceux ayant déjà réalisé une performance nationale ou plus). Concernant les programmes éducatifs, le lycée prépare les élèves, bien évidemment, à un baccalauréat d'enseignement général au même titre que l'ensemble des établissements d'Algérie. Ce n'est pas un bac sportif comme le pensent certains, mais des bacs sciences, lettres et lettres et langues. C'est les programmes et les volumes horaires officiels qui sont appliqués. La seule différence, du moment qu'ils sont constamment sur les lieux, c'est que la direction peut leur aménager un emploi du temps pour qu'ils puissent suivre leurs études et pratiquer leurs disciplines sportives en même temps. Donc, la matinée, ils suivent leurs cours normalement, puis, à partir de 14h30, ils commencent le sport jusqu'à 20h. A partir de 20h, ils reprennent des cours du soir. Côté statistiques, le lycée réalise de bonnes performances sur un double plan : scolaire et sportif. Depuis son démarrage en 2001, le lycée a pu former plus de 150 athlètes qui sont en train de suivre une carrière d'élite, entre autres, la judokate Soraya Haddad qui a décrochée une médaille de bronze au jeux Olympiques de Pékin durant le mois d'août dernier. De toute façon, l'objectif est de lancer de tels lycées dans les autres régions du pays. Le taux de réussite au baccalauréat cette année encouragera les uns et les autres à accélérer le processus… A. A.