«Dans nos projections à moyen terme, le budget de l'Algérie est soutenable jusqu'à 2014-2015», a indiqué jeudi dernier le ministre des Finances, Karim Djoudi, dans une déclaration à la presse en marge d'une séance des questions orales au Conseil de la nation. Expliquant l'augmentation des dépenses publiques, notamment celles concernant le fonctionnement, dans la loi de finances complémentaire 2011 (LFC 2011), adoptée le 2 mai dernier en Conseil des ministres, le grand argentier du pays dira : «La croissance de la dépense de fonctionnement, dont l'impact est atténué par l'augmentation de la fiscalité non pétrolière de plus de 20% ces dernières années, est justifiée fondamentalement par la constitution d'une provision complémentaire au titre de paiement des régimes indemnitaires.» C'est-à-dire par la hausse des salaires décidée au profit des travailleurs de nombreux secteurs. Ainsi, c'est pour répondre, entre autres, à la revendication salariale des derniers mouvements de protestation que la LFC 2011 prévoit une augmentation de 25% de la dépense publique, laquelle va, pour rappel, passer de 6 618 milliards (mds) de dinars à 8 275 mds de dinars.En plus des salaires, dont les dépenses supplémentaires sont de l'ordre de 400 mds de dinars, cette hausse se justifie également par l'application des décisions arrêtées en février dernier. Le ministre explique cette augmentation par le besoin d'accompagner, en autorisations de programme et de crédits de paiement, les décisions prises par le Conseil des ministres de février dernier en vue d'atténuer la tension née de la flambée des prix des produits de large consommation, tels que le sucre et l'huile. L'objectif essentiel pour le gouvernement est de préserver le pouvoir d'achat des citoyens. L'enveloppe allouée dans la LFC 2011 aux subventions s'évalue justement à 178 milliards de dinars. Le montant consacré à la stabilisation des prix du blé, de l'huile, du lait et de sucre, passe donc de 93 mds de dinars à 271 mds de dinars pour l'année 2011.Il s'agit aussi, selon M. Djoudi, de «répondre à la demande particulière d'emploi de la jeunesse et de promouvoir davantage le développement de l'outil économique productif». Le ministre ajoutera dans le même sillage que l'augmentation du budget s'explique aussi par «le besoin d'accompagner les décisions prises par le Conseil des ministres, en février, au bénéfice des jeunes pour favoriser la création d'emplois, soutenir en termes de bonification des taux d'intérêt des crédits accordés dans le cadre de l'aide à l'accès au logement, faciliter l'accès au financement et à la diversification des sources de financement».La LFC 2011 prévoit aussi 139 mds de dinars pour l'élargissement du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle des jeunes, ainsi que l'augmentation du quota annuel de projets de micro-investissements et les nouveaux avantages qui leurs sont accordés.Pour le logement, le texte approuvé prévoit également des compléments de crédits de 897 mds de dinars d'autorisations de programme pour la prise en charge des décisions liées à la politique publique de logement, dont le relèvement à la hausse du programme quinquennal de construction de logements sociaux, qui passe de 800 000 à un million d'unités. Dans ce cadre, il est utile de noter que 410 000 logements seront lancés à l'avance par rapport au programme global. En finalité, c'est l'équilibre social qui est recherché. Le ministre l'a bien dit : «Aujourd'hui, l'important pour nous, c'est de faire que la ressource publique soit un levier de la croissance économique, de la création d'emplois et pour un plus grand équilibre sur le plan social.»Par ailleurs, au plan fiscal, les principales dispositions fiscales et législatives, la LFC 2011 prévoit le relèvement du seuil pour l'éligibilité au régime de l'Impôt forfaitaire unique (IFU) de 5 à 10 millions de dinars et l'institution d'une imposition proportionnelle unique de 25% des revenus annuels des professions libérales et des petites entreprises, dont le chiffre d'affaires est compris entre 10 et 30 millions de dinars. S. I.