Une loi de finances complémentaire est prévue pour l'exercice 2011, selon le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui a annoncé, jeudi à Alger, que " les autorités financières du pays allaient recourir pour la troisième année consécutive, en 2011, à une loi de finances complémentaire (LFC) ". Ce correctif budgétaire a été rendu nécessaire par le besoin d'inscrire dans le budget de l'Etat les incidences financières engendrées par les nouvelles mesures prises dernièrement par le Conseil des ministres pour relancer l'emploi et l'investissement, explique M. Djoudi. Le recours à une LFC " vient apporter des correctifs à des décisions exceptionnelles qui seront prises durant un exercice donné ", a t-il précisé. Avec la mise en oeuvre de ces décisions, en plus des dépenses du programme d'équipement, le budget de fonctionnement de l'Etat sera appelé à augmenter, note le ministre. La prochaine LFC va aussi consacrer certaines dispositions légales, ajoute le ministre, qui n'en a pas communiqué les détails dans des déclarations à la presse, en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la nation. Le premier argentier du pays a souligné que le recours à une loi de finances complémentaire "ne signifie pas un manque de visibilité en matière de prévisions des finances publics du pays". Mais, selon lui, la hausse maintenue des recouvrements de la fiscalité ordinaire, enregistrée durant ces dernières années, couvre actuellement plus de 50% des dépenses de fonctionnement. "Notre objectif est de maintenir le rythme de croissance de la fiscalité ordinaire pour arriver à couvrir toutes nos dépenses de fonctionnement" avec les recouvrements de cette fiscalité, souligne le ministre. M. Djoudi a estimé par ailleurs que les investissements consentis par l'Etat dans les infrastructures (logements, routes, barrages), n'ont pas une grande rentabilité économique mais une utilité sociale. Selon lui, seuls les investissements s'adressant au marché au titre de l'accompagnement par l'Etat du secteur privé, sont en mesure de créer cette rentabilité. D'ailleurs, souligne-t-il, les mesures prises dernièrement par le Conseil des ministres prévoient le renforcement de cet accompagnement par des financements conjoints (publics-privés). A propos du rachat de Djezzy, M. Djoudi, répondant à une question sur la possibilité d'associer le nouveau propriétaire d'OTH dans ces discussions, avait affirmé qu'Orascom Télécom Holding (OTH) est le seul interlocuteur de l'Algérie dans les discussions pour le rachat de Djezzy, écartant la possibilité d'associer le russe Vimpelcom, nouveau actionnaire d'OTH dans ces négociations. "Nous avons, en ce qui concerne (le rachat) Orascom Télécom Algérie (OTA), un seul interlocuteur en matière de licence, en l'occurrence OTH", la maison mère d'OTA, a déclaré le ministre en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la nation. Intervenant sur un autre chapitre, Karim Djoudi n'a pas écarté une poussée inflationniste en 2011, qui sera engendrée par les augmentations de salaires décidées par les pouvoirs publics.Selon le ministre des Finances, si l'argent injecté dans le cadre de l'augmentation des salaires sera dépensé d'un seul coup par les ménages, il pourrait provoquer une pression sur la demande interne qui va se traduire par une hausse des prix de certains produits. Pour échapper à cette éventuelle hausse des prix, le ministre préconise la transformation des rappels au titre du régime indemnitaire de 2008, 2009 et 2010, en épargne, dans la perspective d'utiliser celle-ci (l'épargne) notamment dans les dispositifs de soutien à l'accession au logement. "Les banques ont tout intérêt à profiter de cette masse d'argent, mais doivent être plus actives en termes de mobilisation de l'épargne", a-t-il préconisé, dans une déclaration à la presse en marge d'une séance de questions orales à l'APN. En 2010, l'inflation en Algérie s'est établie officiellement à 3,9, % selon l'Office national des statistiques (ONS), un peu plus que les 3,5 prévus dans la loi de finances de 2010. Quant au manque de liquidités au niveau des bureaux de postes, M. Djoudi a indiqué qu'un groupe de travail du ministère des Finances a formulé une série de suggestions pour faire face à ce problème. Le règlement de cette question revient à la Banque d'Algérie et ''Algérie Poste'', a-t-il estimé.