Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a récidivé hier par un nouveau sit-in devant le siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Un sit-in de deuil, l'ont-il appelé, avec des brassards noirs, sans pancartes, sans slogans. «C'est pour dire notre consternation devant le refus du ministère de la Santé de satisfaire notre revendication portant sur la levée de l'obligation du service civil» a indiqué un des porte-parole du Camra, le Dr Omar Sahnoune. Cette journée du deuil coïncide avec l'affichage de la liste de répartition des postes du service civil pour les nouveaux titulaires du DEMS, devant donc passer ce service civil dans des régions enclavées du pays. «Une nouvelle vague va partir. Elle va assurer son travail dans les mêmes conditions de précarité et de manque de moyens de base… C'est une journée triste pour nous», rapporte un autre délégué. Et le Dr Omar Sahnoune d'insister : «Ce que nous demandons, c'est la levée de cette obligation. Si nous décidons d'assurer ce service civil, ce ne devra pas être sous la contrainte… mais que ce soit fait de notre plein gré, par notre propre volonté.» Les résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie ne s'opposent pas au principe même du service civil mais au fait qu'il soit une obligation. Aussi, insistent-ils sur les mesures incitatives : un logement, un salaire qui soit calculé sur le système de zoning et un plateau technique adéquat qui réponde aux besoins du médecin et du citoyen. «Qu'ils mettent ces moyens à notre disposition et vous verrez le résultat. Ce seront les médecins eux-mêmes qui exprimeront la demande de partir dans le Sud. Il y aura des déplacements massifs… Je vous assure qu'en appliquant des mesures incitatives en faveur des médecins résidents, il viendra un jour où le ministère sera amené à instaurer le service civil dans le Nord», soutient, de son côté, le Dr Tewfik Yelles, un autre porte-parole du Camra. Et ce dernier de déplorer le traitement de la question au sein de la commission des sages, installée récemment par le ministre. «Au début, ils nous ont dit que nous pouvions choisir nous-mêmes une partie des membres de cette commission. Nous avons donné des noms mais ils les ont refusés. Nous nous sommes retrouvés avec des élus et des professeurs qui, non seulement, ne partagent pas avec nous l'idée de supprimer le service civil mais qui sont fortement attachés à son maintien», dira-t-il.Abondant dans le même sens, le Dr Omar Sahnoune affirme que «c'est à un véritable procès auquel les résidents ont eu droit lors des travaux de cette commission… Un tribunal populaire. Nous étions pointés du doigt».Les résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie affirment qu'ils n'attendent pas grand-chose de cette commission. Ils ne vont peut être pas même y siéger la prochaine fois.La situation se complique, la revendication principale n'étant pas satisfaite… et le mouvement protestataire se poursuit. Les médecins résidents parlent de leurs collègues marocains qui ont manifesté, eux aussi, à leur manière, la semaine dernière : «Eux, ils ont porté des blouses noires et ont démissionné collectivement, d'un seul coup.» Peut-être que les algériens feront de même, eux aussi, à leur manière. K. M.