Depuis la chute de son quartier général à Tripoli, le 23 août, le colonel Mouammar Kadhafi reste toujours introuvable. Son fils Saadi est à Niamey, la capitale du Niger, où il aurait demandé l'asile politique à ce pays frontalier de la Libye. Après avoir été l'homme fort de ce pays pétrolier pendant 41 ans, le colonel Kadhafi perd le pouvoir mais résiste toujours. Il a appelé récemment ses partisans à lutter «jusqu'à la victoire», dans un message diffusé par une chaîne de télévision en Syrie. Pour les nouveaux maitres de la Libye la prudence est de mise. «Mouammar Kadhafi est toujours vivant ayant de l'argent et de l'or pour corrompre les gens», avait récemment déclaré le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil. L'Otan, maître d'œuvre de la déroute du Guide, a toujours affirmé que Mouammar Kadhafi n'était pas une cible pour son armée. Cependant plusieurs responsables politiques des pays de la coalition ont reconnu que l'Alliance contribuait à la traque du dirigeant déchu. Fortunes diverses pour les membres de la famille Kadhafi. Seif al-Islam, celui qui devait succéder à son père, reste lui aussi difficilement localisable. Parmi les autres fils, Hannibal et Mohamed sont réfugiés en Algérie avec leur sœur Aïcha et l'épouse du guide, Safiya, tandis que Seif al-Arab et Khamis sont donnés pour morts. Selon une source gouvernementale nigérienne, Saadi Kadhafi, entré dans le nord du Niger dimanche, est arrivé à Niamey. Agé de 38 ans, Saadi Kadhafi, ancien capitaine de l'équipe nationale de football, dirigeait une unité d'élite de l'armée libyenne. Il aurait voyagé à bord d'un avion de l'armée nigérienne depuis Agadez. Certaines sources médiatiques évoquent une assignation à résidence dans «une habitation officielle d'Etat», mais Niamey parle plutôt de «surveillance» pour les 32 proches de Kadhafi actuellement accueillis sur son sol pour, officiellement, des raisons «humanitaires». Le Niger, qui a reconnu l'autorité du CNT, a promis de respecter ses engagements auprès de la «justice internationale» s'il y avait parmi ses hôtes très particuliers des personnes recherchées. Sur le terrain, les offensives d'envergures sur les bastions de Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et Sebha (centre), annoncées depuis plusieurs jours, n'ont pas encore eu lieu. Réfractaires à la main mise du CNT, ces zones ont montré leur capacité à résister et même à contre-attaquer. Bani Walid, vaste oasis qui compte 52 villages et 100 000 habitants, la plupart armés, se révèle plus compliquer à «normaliser» que prévu. On hésite à engager t la bataille pour Syrte, les combattants du CNT massés sur la route côtière à l'est comme à l'ouest étant encore à des dizaines de kilomètres de leur cible. Elément d'importance, les avions de l'Otan poursuivent leurs frappes. Le sous-secrétaire d'Etat américain pour le Proche-Orient, Jeffrey Feltman, est arrivé en Libye. Il est le plus haut responsable américain à visiter Tripoli depuis la prise de la capitale libyenne par le CNT. M. B.