Le Calvaire est nommé dans tous les évangiles du Nouveau Testament. Il a pour nom Golgotha. C'est en ce lieu, à l'extérieur de l'ancienne Jérusalem, que le Christ aurait été crucifié. Le calvaire serait aujourd'hui pour l'Algérie une supposée opération de vaste déstabilisation du pays. Il lui aurait été promis sur l'Arche de Noé que sont l'Internet et Facebook. Et, comme dans les écritures saintes hébraïques, il y a un chiffre mystérieux, le 17, un des 22 chiffres de la Kabbale. Le 17, ce n'est donc pas le numéro d'urgence téléphonique connu mais un chiffre qui renvoie aussi, fétichisme numérologique oblige, aux Accords israélo-égyptiens de Camp David (1978) et aux massacres de Sabra et Chatila (1982), qu'un ministre algérien n'a pas hésité à évoquer comme coïncidences numérologiques. Et, pour persister dans la symbolique du 17, cela évoque le premier voyage, en 1860, dans une Alger pavoisée de Napoléon III, empereur de la France coloniale. Le 17, c'est aussi une référence intuitu personae à un Pied-noir d'Algérie, natif de Nemours. Aux deux prénoms de Bernard et d'Henry et au nom bien judaïque de Levy. BHL, pour ses intimes et la presse française. Il s'agit, on l'a deviné, du rétheur le plus médiatique de France. De l'homme aux chemisiers blancs comme l'Immaculée Conception, qui a pu convaincre le chef de l'Etat de son pays de mobiliser la communauté internationale pour déchoir un ridicule mais sanguinaire satrape, qui a régné sans partage sur la Libye depuis le 1er septembre 1969. Ce tribun germanopratin, qui traine son égo océanique en bandoulière, tel les papillons de nuit avides de lumières, serait le Lucifer céleste de la Kabbale. Méphistophélès qui exporterait vers l'Algérie la vertueuse révolution démocratique libyenne. Et, tel un général de l'ombre, à peine visible, mobiliserait sur le front de guerre facebookiste des légions entières de jeunes algériens. Des cyber-guerriers prêts à en découdre, sur le terrain, avec un régime cacochyme, qu'il faut abattre, à coups d'émeutes bien algériennes. Depuis, les armées vigilantes de ce régime se sont mobilisés sur le même front de guerre en allumant des contre-feux gigantesques pour conjurer le déluge révolutionnaire annoncé. Réelle ou virtuelle, la menace a manifestement été surévaluée et la riposte surdimensionnée. Facebook sera noyé, comme lors du Déluge biblique, par un tsunami de dizaines de milliers de messages de facebookers algériens, spontanés ou divinement inspirés. Politiques officiels ou de l'opposition, de même que certains journaux, ont surréagi, rivalisant de paranoïa et d'excès de mise en avant de la théorie du complot. Y passe, pêle-mêle, la chaine qatarie Al Jazeera, la CIA, l'Elysée, les loges maçonniques et, logique numérologique du 17, Israël et son Mossad. Pourtant, le 17 septembre 2011 ne fut pas un remake algérien du 11 septembre 2001. Comme dit la sagesse populaire algéroise, la montagne de Chrêa n'est pas tombée sur Blida, la ville des Roses. Alger, elle, est toujours presque Blanche et ses rues sont encore plus saturées de circulation automobile. El Mouradia est toujours au Golfe et BHL n'a pas pu emmener à l'Elysée, chemise ouverte et crinière au vent, quelques membres d'un improbable CNT algérien. Non, le complot israélo-universel, relayé par la télé du prince Hamad Bin Khalifa al-Thani n'a pas eu lieu. Nostradamus s'est trompé. Et ceux qui l'ont tant redouté ou accentué son péril ont en eu pour leurs frais. Dans cette affaire du 17, il y a chez les uns et les autres une méconnaissance de la psychologie de masse des Algériens. Nos compatriotes, notamment les jeunes, ne se mobiliseraient pas sur un appel aussi simple qu'un «allo le 17». Leurs esprits ne sont pas encore formatés pour répondre à des appels émanant du cybermonde pour mettre le pays à feu et à sang. Déstabiliser le régime ou le soutenir. Facebook est de nos jours, en Algérie, moins redoutable qu'une rumeur bien algérienne. Laquelle, par exemple, dirait qu'on va augmenter le prix de l'huile de table et du sucre qui ont embrasé le front social en janvier 2011. Ou qui dirait aussi que les listes de logements à distribuer ne sont pas casher, pardon, insuffisamment hallal pour être acceptées ! On le voit bien, le sucre de Cevital et le beurre végétal de La Belle sont plus redoutables que BHL. Et le 17 septembre, ce n'est finalement pas le 11 septembre. Il n'y a pas de Twin Towers à Alger. Et, pas de panique, dans la numérologie musulmane, les chiffres sacrés sont le 7 et le 99. Et, ceci dit, n'oublions pas le 5 fétiche de la Main de Fatma. Celui qu'on aurait du mettre dans les yeux de BHL. Enfin, Ex nihilo, nihil. Rien ne vient de rien ! N. K.