Photo : Riad Par Wafia Sifouane Pour la 6ème édition d'échos des plumes qui est un espace de débats et de rencontres artistiques, le théâtre national algérien a levé le voile samedi dernier sur sa dernière production théâtrale qui n'est autre que la pièce «les martyrs reviennent cette semaine», adaptée de la nouvelle éponyme du défunt auteur Tahar Ouettar. Coïncidant avec le premier anniversaire du décès de l'auteur, cette pièce mythique a déjà été présentée sur les planches dans deux versions, la première en 1985, la seconde en 2003 dans le cadre de la manifestation de l'année de l'Algérie en France. A l'époque, la mise en scène a avait assurée par Ziani Cherif Ayad. Mais c'est avec un regard féminin que la pièce fait son come-back cette année, avec Sonia à la mise en scène.Regroupés dans la salle de répétions du TNA, les dix-sept comédiens de la pièce ont procédé, face aux médias, à la lecture du texte, un texte fort poignant qui trouble par son côté intemporel. Ami El Abed, père de Mustapha le martyr, reçoit un drôle de courrier. Il s'agit d'une lettre de son fils martyr lui annonçant son retour en compagnie d'autres martyrs du village. Ami El Abed y croit à fond à cette nouvelle et part l'annoncer à son entourage. Mais son enthousiasme sera vite remplacé par une grande déception lorsqu'il fera face aux réactions des gens. Pendant ce temps-là, le village se prépare en grande pompe pour accueillir des responsables venus de la capitale. Chacun veille au grain sur son propre intérêt et nul d'entre eux n'est prêt à laisser sa chance passer pour une histoire saugrenue prétendant le retour des martyrs. Ami El Abed est accusé d'avoir perdu l'esprit mais sa certitude réussit quand même à déstabiliser les gens les poussant presque à croire à cette prophétie. Entre appréhensions et inquiétudes des gens du village, on constate vite que les martyrs ne sont pas les bienvenus chez eux et cela de peur de voir leurs projets envolés et leurs magouilles d'antan dévoilées au grand jour.Dans la pièce, Ami El Abed est appuyé par la jeune Khadidja, une jeune moudjahida qui n'arrive plus à se reconnaître dans ce nouveau monde de post indépendance. Elle est la seule à le croire sincèrement, un fait qui ne fait qu'accroître le malaise des autres villageois.Avec un casting puisé de la nouvelle génération de comédiens, Sonia n'a pas hésité à introduire sa touche personnelle en intégrant dans la pièce un chœur féminin. «Ce sont des personnages fictifs», affirme la metteur en scène, tout en insistant sur le fait que cette version «se rapproche beaucoup plus de la nouvelle de l'auteur que la pièce théâtrale», dira-t-elle. Par ailleurs, et pour les besoins du spectacle, le texte de la pièce a également été revu par le dramaturge M'hamed Benguettaf et cela dans le souci de sortir des précédentes versions. Dans ce sillage, Sonia a fait appel au scénographe Boukhari Habel, un créateur audacieux. «Le blanc sera omniprésent dans le spectacle. En fait nous allons jouer sur deux couleurs le blanc et le noir avec des costumes d'antan. Concernant la scénographie, nous allons procéder comme au cinéma avec une scène en trois plans», déclare le scénographe.Pour ceux qui s'impatientent de voir cette pièce, la générale est prévue pour la première quinzaine du mois d'octobre prochain et cela dans l'enceinte du théâtre national algérien Mehieddine Bechtarzi.