Nourredine Moussa, ministre de l'Habitat, est quelqu'un de génial. Dans une intervention à la radio, il annonce la réinstauration de l'incessibilité des logements sociaux pour une durée de 10 ans. Cette mesure vise à mieux contrôler le marché locatif et éviter les détournements spéculatifs des logements sociaux. Le ministre a mis en exergue l'importance de la réinstauration de cette mesure dans le contrôle de la demande de logement, précisant que le logement LSP est attribué au citoyen pour «un usage personnel et non spéculatif». «Le logement LSP est fortement soutenu par l'Etat», précise M. Moussa, ajoutant que «celui qui n'en a plus besoin n'a qu'a le remettre, et ne pas en faire une plus-value». Le projet de Loi de finances 2012 propose la réinstauration de l'incessibilité pour une durée de 10 ans des logements sociaux participatifs (LSP).Des mesures de bon sens deviennent des exploits en Algérie. Dans tous les pays du monde, les logements à loyers modérés sont incessibles. Ils sont destinés à permettre à des personnes aux revenus modestes de pouvoir résider pas trop loin de leur lieu de travail. Ils permettent également de maintenir une mixité sociale dans les ensembles urbains. L'incessibilité ne devrait pas être de 10 années mais définitive. Cela pousserait le futur acquéreur à se tourner vers les banques et les promoteurs immobiliers.L'Algérien est le seul citoyen au monde à pouvoir s'endetter pour se marier, acheter une télévision ou une automobile. Mais il fera tout, et cela quels que soient ses revenue, pour être inscrit dans les listes des bénéficiaires de logements sociaux.La politique du logement a de tout temps été critiquée. Elle ne se base jamais sur l'épargne des citoyens mais sur le budget de l'Etat. La professionnalisation du métier de promoteur immobilier n'a pas encore eu lieu. La fonction d'agent immobilier peine à trouver ses repères. La lutte contre le blanchiment d'argent n'est pas encore efficace et ne semble pas être une priorité nationale. Ces 4 éléments font que l'Etat construit plus que jamais des logements, sans jamais satisfaire les citoyens demandeurs. Le logement social est un instrument de justice sociale. Les logements de fonction et d'astreinte sont des instruments qui permettent la mobilité et la disponibilité de certaines catégories de cadres et autres employés de la fonction publique. La politique consistant à faire de chaque Algérien un propriétaire est difficile à appliquer, dans un pays où les besoins sont énormes.L'incessibilité définitive des logements construits sur le budget de l'Etat doit être la règle. La spéculation, les passe-droits et le népotisme ont permis jusqu'ici à des gens de se retrouver à la tête de fortunes sans le moindre mérite. Dix années à attendre pour revendre un bien 10 fois son prix initial, ce n'est rien. Les spéculateurs sont patients. La lutte contre le blanchiment d'argent doit être le pendant de l'incessibilité. Faute de quoi, il ne s'agira que d'une mesure de plus que n'importe quel gouvernement ultérieur pourra annuler. Les biens de l'Etat doivent rester à l'Etat. A. E.