Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa En dehors de l'augmentation du SNMG qui passe à partir du 1er janvier prochain de 15 à 18 000 DA, l'UGTA n'a pas obtenu satisfaction sur ses revendications consistant en la réduction de l'IRG pour les salariés dont la rémunération est faible, et sa suppression pour les retraités. C'est quasiment un niet que la Centrale syndicale a essuyé. Ce n'est pas faute de volonté du gouvernement d'aider cette catégorie sociale (les salariés) ou de supprimer l'IRG pour les retraités. En fait, il aurait fallu que le patronat mette la main à la poche en acceptant une augmentation de leurs charges sociales de 1%. Une attitude qui n'a pas été du goût du Premier ministre, selon les indiscrétions que nous avons pu recueillir. C'est comme si le gouvernement s'était fait avoir. En effet, la question du pouvoir d'achat étant inscrite comme dernier point à l'ordre du jour, le patronat en avait profité pour faire passer ses revendications. Mais lorsqu'il s'est agi de faire une concession en solidarité avec les retraités, ce même patronat s'est inscrit en faux, arguant du surcoût que pourrait générer ces charges. Sachant par là même que cela représentait une coupe claire dans le budget de l'Etat qui ne peut supporter plus qu'il n'en faut, surtout que le déficit budgétaire pour l'année prochaine est de 4 000 milliards de dinars, conséquence de la hausse des dépenses prévues (7 000 milliards de dinars), alors que le volume des recettes n'excède pas les 3 000 milliards de dinars. En plus clair, le patronat a été le grand gagnant de cette tripartite. Il a d'abord vu les recommandations issues de la tripartite de mai dernier concrétisées sur le terrain, comme l'a rappelé le Premier ministre, pour répondre aux organisations patronales qui reprochaient au gouvernement d'être complice des lobbies de l'informel et de l'importation. En effet, et s'agissant du financement des importations des intrants des entreprises de production, de la bonification du crédit d'investissement pour les PME et du rééchelonnement des dettes bancaires des PME en difficulté, cela a été pris en charge dans la loi de finances complémentaire pour l'année en cours, en plus de la série de règlements émis par la Banque d'Algérie dans ce sens. Par ailleurs, les banques publiques ont pris les dispositions nécessaires pour l'octroi des crédits d'investissements bonifiés. 40 PME en ont ainsi bénéficié. Ces mêmes banques ont entamé le processus de rééchelonnement des dettes des PME en difficulté financières. 70 dossiers «sont déjà au stade avancé de traitement très avancé, tandis que 200 autres ont été pris en charge au niveau de l'étude.» D'autre part, 4 000 contrats de leasing ont été signés pour un financement de plus de 15 milliards de dinars. Toujours en réponse aux griefs de certaines organisations patronales, dont le FCE, le Premier ministre a précisé que l'Algérie n'est pas sortie du socialisme de la mamelle pour entrer dans le libéralisme de la mamelle. Et c'est justement de ce dernier dont ont besoin les organisations patronales, notamment privées. Elles prônent l'ouverture, l'encouragement de l'initiative privée, l'assainissement de l'environnement de l'entreprise, mais avec l'argent du contribuable. Sans avoir à donner une contrepartie à même de participer à l'amélioration de la production locale et des conditions de vie des Algériens. Pour cette dernière tripartite de l'année, le patronat s'est vu octroyer beaucoup de cadeaux : «L'octroi d'une période de différé de paiement durant une ou deux années selon la situation financière de l'entreprise concernée, l'étalement du paiement de la dette fiscale sur 3 années, l'annulation des pénalités d'assiette et de recouvrement». Autres avantages en matière d'exportations hors hydrocarbures : «La Banque d'Algérie (BA) édictera avant la fin de l'année des règlements pour relever de 120 à 180 jours, le délai de rapatriement des recettes des exportations hors hydrocarbures, porter à 20% le niveau de rétrocession des devises aux exportateurs hors hydrocarbures, rétribuer, selon des conditions définies, le sous-traitant étranger dans les exportations des PME». Par ailleurs, le gouvernement s'est engagé, dans les mêmes délais que la BA, à «généraliser le couloir vert au niveau des douanes, alléger les procédures de remboursement de la TVA à l'exportation, et prendre en charge les frais de labellisation des produits agricoles exportés». Le secteur du bâtiment bénéficiera, pour sa part, de «l'allégement des procédures de délivrance du certificat de qualification et de certification et des procédures du dossier requis pour la délivrance du permis de construire». Pour les entreprises qui bénéficieront du rééchelonnement des dettes bancaires, le Trésor public paiera les intérêts sur les années qui seront accordées comme différé. Ces entreprises verront l'effacement de 50% du montant des agios qu'elles n'ont pas payés. C'est dire si le coût de toutes ces facilitations sera mirobolant pour le Trésor public. Autant de batteries de mesures, qui ont commencé à être prises déjà en 1998, puis depuis 2006, en faveur de l'entreprise, particulièrement privée, en contrepartie desquelles le patronat n'a pas présenté de bilan ni en matière de création d'emplois ni en production de richesses ni en amélioration du produit local. Cette inquiétude a été soulevée avec le Premier ministre hier, lors du point de presse qu'il a animé à l'issue de la 14e tripartite. M. Ouyahia n'en a pas disconvenu. Mais il a laissé entendre que les pouvoirs publics n'avaient pas tellement le choix. Les IDE ne venant pas, la privatisation n'ayant pas porté les fruits escomptés, il ne restait plus aux pouvoirs publics, bon an mal an, que le choix d'aider les entreprises locales dans l'espoir de les voir se relancer et apporter la valeur ajoutée tant attendue. A charge pour elles justement de ne pas prendre pour devise «le libéralisme de la mamelle».