Ailleurs, la femme n'est pas encore tout à fait le devenir de l'homme, encore moins son avenir politique. Mais quand même. Car si des imbéciles les battent encore, elles se battent tout le temps pour arracher plus de droits et occuper le haut du pavé notamment en politique. Si elles ne sont pas toujours reines, elles sont parfois chefs d'Etats riches, puissants et développés comme l'Allemagne ou le Brésil. Ou même prix Nobel de la paix telles la Libérienne Ellen Johnson-Sirleaf et la Yéménite Tawakkol Kérmène. Ailleurs, en politique, sauf le nombre et l'importance des postes, les femmes de pouvoir n'ont plus rien à envier aux champions parmi les hommes. Elles leur sont parfois supérieures en termes d'intelligence, d'audace et d'intégrité politiques. Cette vérité est cependant celle de l'exception féminine qui confirme la règle masculine même si dans ces contrées les femmes sont, de moins en moins, une minorité invisible. Qu'en est-il alors en Algérie, terre du machisme moustachu ou barbu, engoncé dans le costume gris à griffe composite FLN-RND-FNA-PT ou dans l'étroit kamis blanc mais en réalité vert de la couleur du fondamentalisme rétrograde du binôme MSP-Ennahda ? Eh bien, en politique, précisément en matière de représentation, la femme algérienne, c'est aujourd'hui 20% de l'homme et toujours «hachakoum». C'est-à-dire, sauf votre respect, ou même sauf votre honneur, dans la bouche de beaucoup d'Algériens, des hommes bien entendu, lorsqu'ils évoquent la femme devant d'autres hommes, y compris leurs mères, leurs sœurs, leurs filles ou leurs épouses. A l'APN, l'auguste assemblée, mal élue et surtout phallocratique, c'est l'esprit «hachakoum» qui a prévalu lors de l'examen en Commission juridique du projet de loi organique sur l'amélioration de la représentation des femmes dans les assemblées élues. Barbéfèlènes du trio nationaliste FLN-RND-FNA, soutenus par quelques faux féministes mais vrais sexistes du PT de la Dame, et appuyés également par des machistes à barbes taillées du duo MSP-Ennahda, ont guerroyé comme des fédayins pour réduire le pourcentage obligatoire de femmes élues à tous les niveaux de la vie politique. Ces vénérables députés, dépités de voir les femmes conquérir, par la force de la loi, plus d'espace politique, ont finalement violé la Constitution. En même temps, ils se sont opposés, de manière frontale, au chef de l'Etat, qui a fait de la discrimination positive en politique et en faveur des femmes, une cause personnelle. C'est ainsi que le niveau de représentation dans les assemblées élues, défini à 30% en Conseil des ministres, a été finalement ramené à 20%. Pour justifier cette rétrogradation chiffrée, des esprits rétrogrades au sein de la Commission juridique ont rivalisé d'arguments spécieux et d'artifices fallacieux. Un coup, ils arguent de l'extrême difficulté à trouver des candidates pour les élections. Un autre, ils disent qu'il est presque impossible d'en trouver «en dehors d'Alger». Il y en a même qui trouvent qu'il existerait chez les Algériennes une profonde aversion pour la politique et, a contrario, une vocation éternelle pour la serpillière, la vaisselle et les couches-bébés. Il y en a même quelques spécialistes de la psychosociologie nationale pour s'indigner de voir le président de la République imposer aux partis un quota de femmes à élire, au lieu d'en nommer plus encore au gouvernement et dans la haute administration. Manière de suggérer qu'il serait lui-même un machiste qui se la jouerait féministe au détriment de partis d'hommes. Manière de dire aussi que cette façon d'agir présidentielle équivaudrait à faire des enfants juridiques dans le dos des partis qui verraient ainsi cassée leur «horma» politique. Tout compte fait, ces députés, majoritaires au sein de la Commission des lois, sont en phase avec la réalité politique et sociologique du pays : 30 femmes sur 389 députés, 7 filles d'Eve sur 144 sénateurs et 3 mairesses, pardon 3 maires-femmes sur 1 541 édiles municipaux, contre zéro femme à la tête des assemblées de wilaya ! Pour autant, ces adeptes du réalisme politique ont-ils raison de bloquer une évolution qui ne peut être rendue possible que par la loi ? Il est évident que sans volontarisme politique et sans coup de force légal, il n'y aurait pas beaucoup plus de femmes en politique. Vu les mentalités talibanes et les esprits wahhabites dominants, il y aurait même le risque de voir se réduire encore plus l'espace politique dévolu aux femmes. Contre le front uni des ennemis du progrès et, tout compte machiste fait, de la femme, le Président a eu mille fois raison d'utiliser l'arme atomique de la loi. Il lui appartient encore de faire échec au front des «hachakoum» qui veut que l'Algérienne, soit, dans le meilleur des cas politique, 20% de l'Algérien. N. K.