Il y a dans ce pays des intellectuels, des chercheurs, des enseignants de réputation internationale qui ont fait et font des études parues sur la légitimité, la démocratie, la pratique de toutes les libertés vécues par procuration sur les chaînes étrangères. Les objectifs de leurs travaux visent une gouvernance moderne, un développement économique, hors hydrocarbures, un Etat de droit selon les standards mondiaux, l'égalité des genres partout et une tolérance fondée sur le fait que seul Dieu sera juge des faits religieux, de l'athéisme, et de ce que les hommes cachent au fond d'eux-mêmes. Théoriquement, le FLN serait le parti capable de fédérer toutes les compétences, tous les patriotes au-delà de leurs croyances, de l'âge et des origines sociales. Seulement, le parti de Libération nationale est devenu un bazar où les idées ont déserté pour le voir livré, au fil du temps, au gré du «coup d'Etat», du «redressement» à répétition, des appétits mercantiles, des postes occupés, perdus, retrouvés, avec une idéologie à géométrie variable, une absence d'un programme sociétal. Un ex-parti totalitaire, intolérant, dangereux pour l'avoir, lui a f… une raclée historique qui l'a atomisé à ce jour.De plus en plus de voix s'élèvent pour le «mettre au musée». Des voix patriotes, des compétences, des partis ne rêvent que de le voir disparaître, lui qui ne dit rien à la jeunesse qui rêve d'un projet de société du XXIe siècle, parmi laquelle les suicides sous toutes les formes ont pris une ampleur sans précédent. La légitimité du maquis et du mouvement national n'est plus portée que par des survivants dont certains se servent pour l'argent, le pouvoir et les privilèges. Les représentants de la jeunesse d'obédience FLN qui ont plus de cinquante ans, se déchirent et éloignent d'eux des millions de jeunes. Les bouleversements au Maghreb à la peine pour construire une structure digne des regroupements qui s'imposent dans tous les domaines. Le passé révolutionnaire du FLN est respecté sur la terre mais se dilapide rapidement.Ce parti ne peut être remisé au musée qui, lui, n'est nullement conçu pour accueillir de la politique, ni par la force ni par un… vote à l'APN, ni par la loi. Riche d'une histoire, d'une expérience même dévoyée, le FLN appartient aux militants qui ont leur carte, paient une cotisation et devraient payer tous ses congrès, CC, rassemblements… Le monde bouge très vite et le FLN peut entamer sa rénovation, sa démocratie interne, l'alternance dans sa direction, le rajeunissement de ses dirigeants et troupes. Certains de ses cadres, hier et aujourd'hui, ont voulu et veulent écrire l'histoire. Cette dernière est le jardin réservé des historiens, quels que soient leur école, leur pays et leur orientation. Pour le reste, des cinéastes, des livres, des émissions TV, des débats, du théâtre revisitent subjectivement, artistiquement l'histoire des Etats-Unis, de l'Europe, du Japon, des pays nordiques et d'autres pays en toute liberté. Le FLN peut, s'il veut se remettre en cause, se doter d'une doctrine politique, culturelle, ouverte sur le monde, économique, sociétal, etc. Ce parti n'a pas le droit de se fourvoyer dans les péripéties qui se jouent à l'APN, de tourner le dos aux femmes, aux jeunes, et doit éviter comme la peste les postes obtenus par l'argent, la région, la religion, la tribu, le clan et autres survivances des siècles sombres. Le FLN a tout simplement son avenir entre ses mains, et «Libération» dans un sigle, dans un pays libéré, n'a plus de sens. Cette rente est consommée face aux enjeux majeurs du monde et du pays, l'élan et le souffle de Novembre peuvent opérer, dans une autre direction, avec un nouvel esprit susceptible de fédérer de larges couches et surtout la jeunesse. S'il ne fait pas sa mue systémique, le temps jouera contre lui et s'il échoue, aucun musée ne le recevra. Il peut et doit le faire si l'Algérie, et non d'étroits intérêts éphémères, le transcende. A. B.