Synthèse de Ghada Hamrouche Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé hier la décision de décréter le couvre-feu dans le gouvernorat de Sidi Bouzid de 19H00 jusqu'à 05H00 à l'exception des cas d'urgence et les travailleurs de nuit. Cette décision a été prise à la suite des troubles qui ont eu lieu jeudi soir à Sidi Bouzid et restera en vigueur jusqu'à nouvel ordre, précise un communiqué du ministère. Des violences ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi à Sidi Bouzid pour protester contre l'invalidation de plusieurs listes de la «Pétition populaire» d'Hechmi Haamdi et les déclarations du secrétaire général d' Ennahda rejetant une alliance avec ce parti dans la prochaine Assemblée constituante. Le secrétaire général du parti islamiste Ennahda qui a remporté les élections du 23 octobre en Tunisie avec 41,47% des suffrages avait remis en cause l'obtention par le parti «Pétition populaire» d'un nombre important de voix affirmant que son mouvement ne fera pas alliance avec lui dans la prochaine Constituante. Vainqueurs des premières élections libres en Tunisie, les islamistes d'Ennahda ont insisté hier, sur leur engagement démocratique. «La démocratie, c'est pour tout le monde», a assuré devant la presse à Tunis le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, qui a tendu la main à toutes les forces du pays. Ennahda dispose de 90 élus sur 217 au sein de la nouvelle assemblée constituante. Il devance les quatre principales formations de la gauche tunisienne à savoir le Congrès pour la République (CPR), Ettakatol, le Parti démocrate progressiste (PDP) et la coalition du Pôle démocratique moderniste (PDM), qui totalisent 73 sièges. Les autres sièges reviennent à des partis de moindre importance ou des indépendants. Les manifestations se poursuivaient en fin de journée et M. Ghanoucchi, qui a lancé un appel au calme, a affirmé voir dans ces troubles la main du RCD dissout. La permanence d'Ennahda et plusieurs bâtiments administratifs, dont la municipalité et le tribunal, ont été mis à sac et pillés après l'annonce des résultats de l'élection. La «Pétition populaire», pour rappel, a obtenu 19 sièges dans l'assemblée constituante. Ses listes ont toutefois été invalidées dans plusieurs circonscriptions en raison de dépassement commis par cette formation politique lors du scrutin. Réagissant à ces critiques, Hechmi Haamdi, originaire de Sidi Bouzid et propriétaire d'une télévision satellitaire «Al-Mustakilla» a annoncé le retrait de l'ensemble des listes ayant remporté les élections du 23 octobre après l'invalidation partielle de ses listes par la commission électorale.