De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur En intervenant hier en séance plénière de la 36e session de la Conférence générale de l'Unesco, Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, ne pouvait conclure ses propos sans aborder le seul grand sujet politique sensible à l'ordre du jour : l'admission pleine et entière de la Palestine au sein de l'organisation onusienne en charge des domaines de l'éducation, des sciences et de la culture. Au nom de l'Algérie, le ministre a tenu à «saluer la résolution du Conseil exécutif relative à la candidature de la Palestine dans sa légitime aspiration à faire pleinement partie de la grande famille de l'Unesco». «J'appelle notre Conférence générale à entériner, par ce geste historique, cette sage décision», a-t-il lancé à l'adresse de ses pairs. Ce geste historique, grandement souhaité par l'Algérie, devrait intervenir lundi en fin de matinée, à l'issue du vote qui est programmé, certainement, après l'intervention du ministre des Affaires étrangères palestinien. L'état actuel du rapport de force milite en faveur d'un scrutin positif, l'adhésion de plus des trois quarts des pays membres semblant être acquis à la recommandation du Conseilexécutif. Mais la situation n'est ni statique ni figée. Les pays opposés à l'admission de la Palestine, en tête de liste les Etats-Unis, Israël et l'Allemagne, ne désarment toujours pas. C'est le journal web israélien d'information-propagande (The Israël Project) qui rapporte, dans son édition du 27 octobre, que «les responsables américains affirment que des efforts diplomatiques massifs ont été déployés pour tenter d'obtenir des pays amis qu'ils fassent pression sur les Palestiniens, afin que ces derniers renoncent à leurs initiatives». Entendre par massifs que Washington a mis en œuvre toute son armada de diplomates pour que des pays considérés vulnérables interviennent auprès des Palestiniens, voir les amener à renoncer à voter en faveur de la résolution. Sentant ce danger, tous les pays musulmans membres de l'Unesco se sont réunis jeudi après-midi pour réaffirmer leur détermination à voter en faveur de l'admission de la Palestine et lancer un appel à tous les autres pays à ne pas céder aux pressions et chantage visant à les intimider afin de renoncer à leur position de principe. La grande arme des Américains est de dire qu'en cas d'admission de la Palestine, ils appliqueront la législation adoptée par le Congrès US, il y a plus de 15 ans, qui stipule le retrait de toute agence de l'Onu acceptant la Palestine comme Etat de plein droit. Ils expliquent que dans ce cas le budget de l'Unesco sera amputé de 22%, soit 70 millions de dollars et de nombreux programmes, comme ceux en faveur de l'alphabétisation, les systèmes d'alerte contre les tsunamis, les écoles professionnelles en Afghanistan, le soutien pour les sites du patrimoine mondial, etc., pourraient s'en ressentir, voire carrément être annulés. S'ajoutent les menaces de voir plusieurs pays ne plus bénéficier d'aides bilatérales dans le domaine de l'Education. C'est ainsi qu'agit la plus grande démocratie du monde pour défendre les intérêts de son protégé favori, Israël. Par la menace et le chantage, elle montre son visage le plus antidémocratique dans une enceinte internationale, de surcroît celle des idées, de la culture, de la tolérance… et du respect de la démocratie par la prise de décisions librement consenties par les Etats membres.Si la Palestine est admise lundi à l'Unesco, elle sera le 195e membre. Le 194e membre a été admis vendredi après-midi, à savoir le Sud-Soudan.