De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur La 36e session de la Conférence générale de l'Unesco a été inaugurée, hier, au siège de l'Organisation mondiale de l'éducation, de la culture et des sciences. Elle clôturera ses travaux le 10 novembre prochain après l'adoption par les 193 Etats membres du programme et du budget pour l'exercice biennal 2012-2013 qui donne la priorité au développement durable, la culture de la paix et de la non-violence, avec un accent particulier sur l'égalité des genres, l'Afrique, la jeunesse et l'éducation pour tous.Mais, dès l'ouverture d'une session que préside la Hongroise Katalin Nogyay, les discussions dans les halls et les couloirs de l'Unesco portaient déjà sur un autre point inscrit à l'ordre du jour, sensible et éminemment politique, l'examen de la demande d'admission de la Palestine comme 194e membre de l'Organisation. Selon nos sources, le vote devrait intervenir le 31 octobre, le jour de l'intervention en séance plénière du ministre palestinien des Affaires étrangères. Et si le comptage opéré dernièrement par des délégations arabes se confirmait, 130 pays, ce qui est suffisant, sont acquis pour que la Palestine soit admise à l'Unesco. Mais la situation n'est pas si simple et rien n'est définitivement acquis. Pourquoi ? Parce que depuis que le Conseil exécutif de l'Unesco, le pendant du Conseil de sécurité de l'ONU mais sans droit de veto, a approuvé le 5 octobre par 40 voix sur 58, une recommandation à la Conférence générale d'attribuer à la Palestine le statut de membre à part entière, des Etats super pro-israéliens, en premier lieu les Etats-Unis, redoublent d'activisme, de menaces et de chantages pour obtenir un renoncement à la satisfaction d'une légitime revendication. Les menaces et le chantage américains se sont manifestés à peine quelques heures après cette recommandation par la voix de Hillary Clinton qui a «fermement recommandé» à l'Unesco de reconsidérer le vote de son Conseil exécutif. Elle a brandi la menace d'une suspension de la contribution financière (80 millions de dollars) des Etats-Unis à l'Unesco si le vote du Conseil est confirmé par la Conférence générale. La directrice générale de l'Unesco, la Bulgare Irina Bokova, aurait été interpellée directement par le Département d'Etat afin d'user de son influence pour que l'admission de la Palestine soit mise sous le boisseau. Et actuellement à l'Unesco, les Américains, très fortement soutenus par les Allemands, agissent sur des Etats dits «faibles», comprendre pauvres et dépendants, pour qu'ils se démarquent de la dynamique en faveur de la Palestine.Du côté du groupe des pays arabes de l'Unesco, on affiche une grande détermination d'aller jusqu'au bout et de ne pas céder aux intimidations américains, soutenus en cela par les pays musulmans, ceux d'Amériques latine ainsi que des européens comme l'Espagne et la Grèce. «On demande aux Palestiniens d'attendre encore. Mais ils attendent depuis soixante ans et ne veulent plus se nourrir de promesses vides de sens», a déclaré un délégué arabe sous le couvert de l'anonymat. L'Algérie, qui soutient pleinement, et de manière active, la demande d'admission de la Palestine, est présente à la 36e session de la Conférence générale de l'Unesco avec une importante délégation dirigée par Abdelatif Rehal, conseiller diplomatique du Président Bouteflika et membre du Conseil exécutif de l'Unesco. Elle comprend, notamment, Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education, arrivé hier, qui interviendra vendredi prochain au nom de l'Algérie lors du débat de politique générale, Rachid Harrouabia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui est attendu aujourd'hui, et Missoum Sbih, ambassadeur de l'Algérie en France et délégué permanent de l'Algérie auprès de l'Unesco.