Synthèse par Wafia Sifouane Organisée dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, Capitale de la culture islamique 2011», l'exposition-hommage «Nouba : hommage aux maîtres» par le département du patrimoine immatériel de la manifestation a consacré l'une de ses soirées à deux maîtres incontestables de l'andalou et du hawzi : les défunts cheikh Abdelkrim Dali et cheikha Tetma. Lundi dernier, la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen a abrité une table ronde autour des œuvres et parcours des deux artistes. Les débats ont été animés par le chercheur Salim El Hassar de l'université de Tlemcen et le spécialiste autodidacte de Cheikha Tetma Mustapha Krabchi. Les deux conférenciers se sont attardés durant cette rencontre sur l'impact de la musique de ces deux artistes sur la musique andalouse et le nouveau souffle qu'ils lui ont apportés.Cette rencontre a été suivie le lendemain par des prestations musicales des ensembles de la musique andalouse dont El Kortobia de Tlemcen, Cordoba d'Alger et l'orchestre Redouane de Tlemcen qui a pour solistes Imene Sahir, Leila Benmerah et la grande artiste Zakia Kara Torki.Cheikh Abdelkrim Dali, né à Tlemcen en 1914 et décédé à Alger le 21 février 1978, est un maître incontesté du gharnati et du hawzi tlemceniens qui constituent des genres classiques traditionnels de la musique andalouse algérienne. Abdelkrim Dali, auquel un film documentaire a été consacré dans le cadre de cette manifestation, fit ses premiers pas dans la musique andalouse tlemcénienne aux côtés de grands maîtres tels que Omar Bekhchi, Abdeslam Bensari et Yahia Bendali. Il intégra l'orchestre de la radio Alger en 1952 comme joueur de luth et participa après l'indépendance du pays à plusieurs semaines culturelles algériennes à l'étranger. Il interpréta plusieurs chansons connues dont Saha aidkoum et composa un grand poème intitulé Rihla hidjazia qui constitue le couronnement de son parcours artistique très riche. De son vrai nom Thabet Derraz, Cheikha Tetma est née à Tlemcen en 1891 dans une famille mélomane, en l'occurrence sa famille maternelle Bensari. Très jeune, elle découvre son talent de chanteuse avec sa voix envoûtante. Elle entame sa carrière en entonnant des airs traditionnellement propres à la gent féminine dont le haoufi avant de se lancer dans la musique andalouse et hawzi en jouant parfaitement avec divers instruments comme le violon et la kouitra. Plus tard, Cheikha Tetma crée son groupe composé de quelques éléments en chantant les plus beaux poèmes de l'époque, ce qui l'aide à monter en notoriété et à intégrer l'orchestre d'Alger dirigé par Abdelkrim Dali. Son talent et sa détermination lui vaudront le respect de ses aînées, notamment Mâalma Yamna et Meriem Fekkaï. Sa brillante carrière prendra fin avec son décès à l'âge de 71 ans à l'aube de l'indépendance de l'Algérie, laissant derrière elle une cinquantaine de disques.