Inauguré mercredi dernier, le Festival international du film engagé d'Alger a vu son troisième soir entièrement consacré au cinéma féminin palestinien à travers la projection de deux documentaires issus du 2e festival Shashat consacré au cinéma de femmes palestinien. Il s'agit de la Terre parle arabe de Maryse Gargour et Ceci n'est pas une vie d'Alia Arasoughly. Créé par une association du même nom, ce rendez-vous cinématographique a pour but de dévoiler les œuvres de nombreuses femmes cinéastes résidentes en Palestine ou de la diaspora.Présente dans la salle, la réalisatrice Maryse Gargour et juste avant de présenter son film a tenu à souligner le nombre important de femmes ayant eu le courage de prendre la caméra et d'aller filmer sur les terres occupées, ce qui est ses yeux un acte de courage mais aussi de résistance. D'une durée de 61 minutes, le documentaire la Terre parle arabe est une œuvre assez académique et pédagogique qui s'intéresse à une période peu exploitée dans le cinéma sur l'occupation israélienne en Palestine, il s'agit de la période pré coloniale. Ponctué d'images inédites d'archives, le documentaire nous fait remonter loin dans l'histoire, à l'époque où le mouvement sioniste commence à dessiner ses traits. La Palestine est une immense terre agricole où les juifs y voient leur terre promise. Appuyée par les déclarations d'un chercheur, la réalisatrice nous dévoile une stratégie d'occupation à caractère économique, les sionistes lancent d'abord un appel pour encourager les juifs à acheter des terres en Palestine sans se soucier du sort de ses habitants. Elle parle aussi d'un plan de transfert, très longtemps nié, et qui a consisté à déporter les juifs européens vers la Palestine et cela dans le but de pousser les arabes vers d'autres lieux. Se sentant menacés, les chrétiens et musulmans palestiniens s'unissent pour dénoncer l'arrivée massive des émigrés juifs (conformément à la déclaration de Belfort 1917) et c'est l'armée britannique qui répond violemment par des attaques meurtrières. C'est l'époque du mandat britannique, une forte campagne d'oppression est menée sans états d'âme contre les palestiniens. C'est le règne de la terreur, les trains, les hôtels et gares sont ciblés par des bombes tandis que le mouvement sioniste s'affirme de plus en plus. Les images sont accablantes, la réalisatrice enrichit son films avec des témoignages de gens ayant assistés à ces crimes, dont la nièce du propriétaire de l'hôtel Ramsès dont l'explosion à fait plus de 30 morts, issus de la même famille. Véritable document historique ce documentaire nous fait remonter à l'origine du conflit israélo-palestinien pour mieux le comprendre aujourd'hui. La réalisatrice, à l'aide de documents inédits et témoignages dresse le portrait d'une occupation commanditée visant à «nettoyer» la Palestine de ses habitants. Pour la seconde séance de la soirée, le public a pu visionner le documentaire Ceci n'est pas une vie, d'Alia Arasoughly. D'une durée de 42 minutes, ce documentaire social s'intéresse à la vie de huit femmes palestiniennes dont le quotidien est rythmé par l'occupation sioniste et ce qu'elle inclut. Elles sont comédienne, journaliste, femme de ménage, étudiantes, des femmes ordinaires condamnées à se surpasser chaque jour et à braver l'interdit. Se livrant à la caméra, ces femmes laissent transparaitre un malheur imposé par des indus occupants, leur sincérité est marquante et donne à ce mini documentaire un caractère poignant, pas étonnant qu'il ait décroché le prix international de la paix du Festival de cinéma de femmes, à Torino.