La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) conteste l'interdiction faite aux anciens militants du FIS (Front islamique du salut) de revenir sur la scène politique. «Cette loi est anticonstitutionnelle. Elle est contraire aux principes des droit de l'Homme, et va à l'encontre de toutes les conventions internationales signées par notre pays» a déclaré, hier, son président, Mustapha Bouchachi, lors d'une conférence de presse, tenue à Alger, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de l'Homme. Sans citer le nom du parti ni d'ailleurs ses membres «incriminés», l'avocat des droits de l'Homme affirmera que «ces gens-là ont été mis en prison et privés de leurs droits civiques et politiques durant des années. Ils ont purgé leurs peines». Autrement dit, il n'y a pas de raisons de leur infliger d'autres sanctions. Pour rappel, dans la nouvelle loi sur les partis politiques, adoptée la semaine dernière par la majorité des députés à l'APN, il est stipulé «qu'il est interdit à toute personne responsable de l'exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale de créer un parti politique ou de participer à sa création ou de siéger dans ses instances dirigeantes». Aussi, «toute personne ayant participé à des actes terroristes ou à toutes actions de violences et de destructions visant la Nation et les institutions de l'Etat», est concernée par cette interdiction. La LADDH affirme vouloir saisir le Conseil constitutionnel pour se prononcer sur «l'anticonstitutionnalité» du nouveau texte. «Malheureusement pour nous, seuls le président de la République, ceux du Sénat et de l'APN peuvent le faire…» Manière de dire que ceux-là ne le feront pas, et qu'il ne faudrait pas trop espérer du Conseil constitutionnel. A ce propos, Me Bouchachi rappellera qu'en 2006, la Ligue des droits de l'Homme avait contesté la disposition interdisant d'écrire sur la tragédie nationale : «Nous avons saisi le Conseil constitutionnel, mais nous n'avons reçu aucune réponse.» L'ancien leader du FIS dissous, Abassi Madani, s'est élevé contre la disposition interdisant la reconstitution de son parti, juste après l'adoption de la nouvelle loi à l'APN. A partir de Doha, au Qatar, il a menacé de contester le texte auprès des institutions internationales. Lors de la conférence d'hier, la LADDH a également contesté l'interdiction faite à des personnes converties au christianisme de pratiquer leur religion : «Un homme à Oran a été condamné à 5 ans de prison pour la simple raison qu'il s'est converti au christianisme, et qu'il ne le cache pas. Et il n'est pas le seul dans ce cas. C'est inadmissible. La liberté du culte est consacrée par toutes les lois internationales signées par notre pays.» Le premier responsable de la LADDH affirmera que «nous ne sommes pas dans un Etat de droit». Une «preuve parmi d'autres» en est le refus des autorités de la wilaya d'Alger de leur accorder l'autorisation d'organiser, aujourd'hui même, une conférence-débat sur «La justice et les droits de l'Homme» en Algérie. Une rencontre qui coïncide, comme susmentionné, avec la célébration de la Journée internationale des droits de l'Homme. La LAADH dénoncera également le refoulement des ressortissants subsahariens, la maltraitance des prisonniers… et plaidera pour l'abolition de la peine de mort.Par ailleurs, abordant la nouvelle loi sur l'information, Me Mustapha Bouchachi notera que «la loi mauritanienne est bien meilleure que la nôtre, dans la forme et dans le fond. La nouvelle loi sur l'information consacre davantage de restrictions aux libertés des journalistes».Concernant la lutte contre la corruption, Me Bouchachi dira que la législation en vigueur, au lieu de lutter efficacement contre le phénomène, elle l'encourage. Pour cause! «Impliqués dans de grandes ou petites affaires de corruption, les coupables sont condamnés à la même peine», expliquera-t-il. K. M.