C'est un constat sombre et alarmiste qu'a dressé hier la LADDH – aile Bouchachi – de la situation des droits de l'homme en Algérie. Un tableau noir, un constat en porte-à-faux de celui dressé périodiquement par les tenants du discours officiel, les «droits-de-l'hommiste maison». Dont celui de maître Farouk Ksentini qui se félicitait, dans de récentes déclarations, des importants «progrès» qu'a connu la protection des droits humains. Un démenti donc au satisfecit du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) que maître Mustapha Bouchachi, président de la Ligue, a tenu à apporter lors d'une conférence de presse organisée au siège de cette Ligue à Alger. Me Bouchachi a mis en évidence les atteintes caractérisées aux libertés publiques et privées des Algériens. Comme éléments de charge, il a rappelé les nombreuses affaires «portant violation manifeste des droits de culte et de conscience (affaires des non-jeûneurs, des néo-convertis au christianisme etc.), les atteintes aux droits civiques, à la liberté d'association, de réunion, aux libertés syndicales…». Cette situation est symptomatique, a-t-il dit, «des régimes totalitaires et dictatoriaux». «Nous avons affaire à un régime autiste qui ignore les souffrances et les râles du peuple, qui traite les Algériens non comme des citoyens mais comme des sujets.» L'avocat des droits de l'homme abordera également le sujet de la peine de mort, appelant le pouvoir à joindre l'acte à la parole en l'abolissant avec un texte de loi. Concernant les opérations dites de lutte contre la corruption, le président de la LADDH a affirmé ne leur accorder aucun crédit : «Au lieu de durcir le dispositif, la loi anti-corruption de 2006 a assoupli les peines qu'encourent ceux qui portent atteinte à l'argent public.» Le président d'honneur de la LADDH, maître Ali Yahia Abdenour, a pour sa part réitéré son appel à la levée de l'état d'urgence, à l'ouverture des champs politique et médiatique, à écouter les «grondements» de la société, de sa jeunesse. Le pays serait, d'après lui, «à la veille d'une explosion populaire». Le pronostic vital du régime en place est engagé, estime l'avocat, ancien député de l'Assemblée constituante. Me Ali Yahia dit s'attendre à «une fin d'année mouvementée», à «un arbitrage de la rue» si le régime ne réussit pas à surmonter lui-même ses propres contradictions. «Le climat politique ambiant est lourd. Nous sommes en présence d'un orage qui n'a pas encore éclaté. Depuis 11 ans, la Présidence respire un air vicié. Ouvrez, monsieur le Président, ouvrez portes et volets !», conseille le «vieux de la vieille»...