De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Les travailleurs de la société mixte Algérie-Oman-Asmidal (AOA), dans la zone industrielle de Marsa El Hadjadj, ex-Port aux Poules, sont en rogne contre les responsables de leur société. En plus des conditions de travail jugées très dures et risquées, le collectif des travailleurs algériens pointe du doigt «les inégalités salariales par rapport aux étrangers exerçant dans la même société». «Cette société est financée à hauteur de 80% par de l'argent algérien. La société omanaise a utilisé des financements algériens pour faire aboutir ce projet, sa contribution n'est que de 16% et elle ose nous léser dans nos droits», s'indignent les jeunes ingénieurs qui ont organisé un piquet de grève devant le siège de l'administration de cette société. Ces jeunes cadres, qui se voient complètement déconsidérés par les responsables algériens de la société mixte, nous affirment indignés que «des Indiens et des Bangladais touchent près de 4 000 dollars par mois, alors que le meilleur des opérateurs ou ingénieurs algériens, qui effectue pratiquement le même travail, perçoit dix fois moins. Pourtant, c'est l'argent du pays qui est à la base de ce projet et nous n'en jouissons pas. Nous sommes même victimes d'une exploitation flagrante dans notre propre pays», et voient dans cette situation «une injustice et une frustration extrême». Ces jeunes ingénieurs, qui revendiquent une revalorisation salariale, sur la base des «mensualités faramineuses versées aux opérateurs étrangers, notamment les indiens et les Bangladais», ont envisagé la mise en place d'une cellule syndicale, mais les responsables de l'entreprise ne l'entendent pas de cette oreille. «L'union territoriale de l'Ugta d'Arzew leur a adressé deux correspondances pour la création d'une section syndicale. En vain, apparemment. Ils ne veulent pas nous laisser créer notre syndicat d'entreprise», déclare un jeune opérateur de cette société. Signalons que le projet AOA, spécialisé dans la production des fertilisants, est le fruit d'une joint-venture entre Sonatrach et le groupe Bahouane d'Oman, dans laquelle le partenaire étranger détient 51% des actions, alors que Sonatrach ne dispose que de 49% des parts. Pourtant, les financements bancaires sont algériens à hauteur de 70%. Le reste est financé par le Sonatrach et Bahouane, respectivement, à hauteur de 14% et 16%. Les 300 travailleurs algériens qui exercent dans cette usine ont perdu patience et le pourrissement est déjà aux portes.