La bibliothèque nationale Ouaguenouni, sur les hauteurs d'Alger, qui a vu passer des générations de lycéens, étudiants, médecins, ingénieurs… et puisé dans son immense patrimoine pour des travaux de grande valeur au cours de leur parcours scolaire, universitaire et professionnel, est en état de dégradation avancé. Ce monument d'une grande richesse culturelle et historique est en train de subir des agressions multiples, mais ni les représentants des départements ministériels chargés de sa protection ni les hommes du savoir et de la culture ne semblent s'en inquiéter outre mesure. Surtout après l'ouverture au grand public de la nouvelle bibliothèque d'El Hamma, toujours à Alger. Ce sont ses adhérents, d'aujourd'hui et d'hier, qui s'élèvent contre cet abandon qui ne dit pas son nom. Ils interpellent directement le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour intervenir dans l'immédiat pour mettre fin au «massacre» dont est victime la bibliothèque, mais aussi la culture et l'histoire de l'Algérie. Dans une lettre ouverte, adressée au premier magistrat du pays, les adhérents de la majestueuse bibliothèque Ouaguenouni, en contrebas de l'hôtel El Aurassi et à quelques mètres seulement du Palais du gouvernement, font état de constructions illégales sur la toiture, ce qui a fragilisé les murs et provoqué des fissures. Deux garages appartenant à deux particuliers sont également érigés dans un espace libre de cet édifice public. A ce décor, s'ajoutent des antennes paraboliques accrochées aux murs et aux piliers. Les amoureux de cet édifice sont d'autant plus intrigués que des institutions publiques, telles que le ministère des Finances et la Société des livres, y ont réservé des locaux alors qu'ils en ont ailleurs. Les citoyens en colère évoquent des cas de vol et de vandalisme, mais aucune entité de contrôle ne daigne se déplacer sur les lieux pour vérifier, faire l'inventaire de ce qui manque et déterminer les responsabilités. Ce qui est encore pitoyable, c'est que, depuis des années, l'accès à cette bibliothèque est carrément interdit aux lycéens, même ceux qui préparent leur examen du baccalauréat et sans raison valable. Les amoureux de la bibliothèque Ouaguenouni espèrent une réponse favorable du premier magistrat du pays, lui qui insiste sur l'importance du savoir et la société du savoir, pour justement redonner sa jeunesse à cette source inépuisable de savoir. Les deux ministères de la Culture et de l'Enseignement supérieur sont interpellés à plus d'un titre pour faire le point sur la question et prendre les dispositions qui s'imposent. Celui de l'Education nationale également... En fait, toutes les institutions de l'Etat sont concernées par ce problème. K. M.