Dans un message, à l'occasion de la Journée nationale du chahid, Bouteflika a affirmé que «c'est à la lumière des résultats attendus que sera tranchée la question de la Constitution qui deviendra la référence qui tracera tous les repères politiques et sociaux de l'avenir du pays.» Cette déclaration est lourde de sens. C'est pourquoi le président a tenu à préciser que «les prochaines élections législatives ne doivent pas être un simple événement conjoncturel mais constituer la pierre angulaire du parachèvement de l'édifice démocratique que nous avons initié». Bouteflika ajoute, à juste titre, que les réformes initiées «doivent tendre à faire admettre les postulats qui consacrent le processus démocratique, consolident les institutions constitutionnelles, rétablissent la suprématie de la loi et protègent les libertés individuelles et collectives». Enfin, le chef de l'Etat lance un appel : «Le succès de cette échéance est du devoir et de la responsabilité de tout Algérien et Algérienne, électeur et élu. C'est ainsi que nous aurons honoré la mémoire des chouhada qui se sont sacrifiés pour que vivent leurs enfants et leurs proches dans un véritable Etat de droit, de liberté et de justice où la volonté du peuple sera souveraine et où le travail sera la source des valeurs pour amorcer une renaissance matérielle et morale».Le message du président est éminemment politique dans la mesure où il parle de postulats devant être admis par tous pour la consécration de la praxis démocratique. C'est dans cette perspective que les prochaines législatives constituent la pierre angulaire du parachèvement du processus démocratique interrompu en 1992 lorsqu'un parti a gagné les élections pour en finir avec le processus électoral. C'est du moins ce qui a été déclaré par l'un de ses leaders les plus en vue. Manifestement, le président avait en mémoire l'épisode de décembre 1991 et ses conséquences sécuritaires, lorsqu'il a rédigé ce message. Les postulats de la démocratie, c'est justement la sacralité des libertés fondamentales individuelles et collectives, de l'Etat de droit, de l'indépendance de la justice, de l'alternance au pouvoir conformément à la volonté citoyenne. Qui n'accepte pas ces postulats ? En théorie, tous les partis activant sur la scène politique se reconnaissent dans ces postulats et s'en réclament. Mais dans les faits, dans la pratique du pouvoir et de l'opposition, peu de partis s'y conforment strictement. Il n'y a pas que les islamistes qui hésitent à s'inscrire ouvertement dans la praxis démocratique. Des partis dits nationalistes, d'autres se faisant les chantres de la démocratie, n'ont pas la culture démocratique en leur sein pour en respecter les principes et les appliquer une fois au pouvoir. Les citoyens aspirent à plus de liberté, à plus d'espaces démocratiques mais manquent, eux aussi, de culture démocratique et c'est l'autoritarisme qui règne en maître dans les relations sociales, politiques, économiques et même personnelles. C'est là où se situe le dilemme de l'Algérie dont la dimension régionale et continentale la condamne à n'avoir qu'une seule perspective, la démocratie et la stabilité institutionnelle. Si le FFS décide de prendre part au rendez-vous décisif du 10 mai prochain, il constituerait alors un élément de nature à garantir un changement qualitatif pouvant être le fondement de la deuxième République. A. G.