Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a installé, hier à Alger, la Commission nationale de surveillance des élections. En présence des 21 représentants des partis politiques agréés qui ont exprimé leur intention de participer au scrutin du 10 mai prochain, M. Daho Ould Kablia a, après avoir rappelé les 17 articles de loi relatifs à la création et au fonctionnement de ladite commission, précisé que cette commission est provisoire. «La composante de la commission reste provisoire en attendant qu'elle soit complétée par les représentants des partis politiques et ceux des listes des indépendants qui auront confirmé leur participation aux prochaines élections législatives. Les membres de la commission dont les partis politiques n'auront pas présenté de candidats aux prochaines élections devront, par contre, se retirer de cette commission». Le ministre a procédé ensuite à l'installation provisoire du plus vieux représentant comme président du bureau de la commission et du plus jeune comme assesseur. M. Bouzghoub Mohamed Tahar du RND (75 ans) a ainsi été désigné à la tête de la commission, secondé par M. Bouregba Ahmed (26 ans) du Mouvement El Infitah. Dans un point de presse improvisé, à l'issue de la cérémonie d'installation de la Commission nationale de surveillance des élections, le ministre de l'Intérieur a précisé que les membres de la commission ne recevront aucune indemnité : «Il y a un budget de fonctionnement. L'Etat mettra à la disposition des membres tous les moyens logistiques pour mener à bien leur mission, mais aucune indemnité ne leur sera versée.» Ce qui constitue une première pour les membres de cette commission qui avaient droit, auparavant, à des indemnités conséquentes. Le ministre a précisé par ailleurs que la campagne de révision des listes électorales a été clôturée et que le nombre d'électeurs est aux alentours de 21 millions. Questionné sur les critiques faites au ministère de l'Intérieur suite aux SMS que son administration a envoyés appelant à la participation aux prochaines élections, le ministre a tenu à expliquer qu'il ne s'agissait pas là d'une campagne pour la participation et que «c'est le rôle de l'administration de rappeler aux citoyens leurs droits et leurs devoirs», ajoutant qu'il ne s'agit nullement d'une peur de l'abstention. «Nous ne souhaitons pas l'abstention, compte tenu de toutes les mesures prises pour accorder le maximum de crédibilité à ces élections. Nous ne la craignons pas non plus. Nous considérons cette opération comme une opération test.» Le ministre a, néanmoins, espéré une forte participation au prochain scrutin, mais, comme il le dira, «cela ne dépendra que du degré de confiance des citoyens dans l'engagement de leur Président et celui de leur gouvernement d'assurer la neutralité de l'administration et d'aller vers des élections propres et transparentes». Il a tenu à souligner l'importance de la prochaine échéance électorale en rappelant que «la prochaine Assemblée élue aura une mission sacrée de proposer et voter la Constitution». Ce sera donc une Assemblée constituante, entre guillemets. «Les Algériens ne devraient pas rater cette occasion de choisir les meilleurs représentants pour assumer cette mission». A une question relative aux partis politiques agréés qui, en violation de la loi, n'ont pas tenu leurs congrès, depuis une dizaine d'années pour certains, mais qui participent aux élections, M. Daho Ould Kablia a déclaré : «Ces partis devront tenir leurs congrès. Mais c'est un problème interne. Pour l'administration, tant qu'un parti est agréé, elle ne peut pas lui interdire de participer au scrutin.» Sur le boycott du RCD, le ministre de l'Intérieur a refusé de faire un commentaire jugeant que chaque parti est libre de décider de sa participation ou non à des élections. Il donnera la même réponse à une question posée sur la participation probable du FFS : «Nous sommes une administration, nous n'avons pas à exprimer le souhait de la participation d'un parti ou d'un autre. Nous souhaitons la participation de tous ceux qui peuvent apporter quelque chose à ce pays.» Sur une question sur le rôle de l'administration dans le contrôle du financement des campagnes électorales des partis politiques, M. Daho Ould Kablia a assuré que le ministère de l'Intérieur mènera des enquêtes sur le financement des campagnes : «Il y a tout un chapitre dans la loi organique relative aux élections. Il y a des possibilités d'enquêtes et il y a des sanctions très sévères prévues par la loi.» Précisons enfin que la Commission nationale de surveillance des élections, dont la composante est provisoire, a poursuivi ses travaux à huis clos afin d'élire son bureau.