Face au pouvoir du dieu dinar, les compétences, la popularité et le charisme ne font pas le poids puisque presque invariablement ce sont les plus nantis qui sont placés en tête des listes des candidats présentés pour les prochaines élections législatives. Un choix décidé par les petits chefs locaux qui profitent en passant des largesses du nabab qui s'est découvert tout récemment des ambitions politiques. L'exemple est là et il n'y a qu'à voir la composante des élus de Annaba - à quelques exceptions près - pour bien comprendre que ces nouveaux prétendants n'ont pas tout à fait tort. Des élus à l'APN qui disparaissent dans les travées de l'auguste Assemblée et qui n'exposent guère les problèmes des électeurs de leur circonscription parce que tout simplement ils en sont incapables et n'ont pas cette aptitude, cette clairvoyance et cet esprit du débat contradictoire qui permet de percevoir et de prévoir. Aujourd'hui à Annaba, les petits partis aux grandes ambitions présentent des patrons de discothèques - pour ne pas dire autre chose - des commerçants, des escrocs reconvertis et qui se sont refait une virginité, des trabendistes bien connus et bien d'autres qui n'ont rien à voir avec le milieu politique et le militantisme. La faune politique locale, une vieille garde sclérosée et qui a verrouillé ses portes aux jeunes loups, continue son bonhomme de chemin croyant que son expérience jouera en sa faveur et balayera facilement ces «intrus». Un calcul qui ne peut que mener à la faillite dans la mesure où les nouveaux venus disposent de fortunes considérables qu'ils comptent investir dans ces élections qu'ils gèrent comme un projet qui peut leur rapporter gros à long terme. FND, FNES, FNA et autres s'essayent à ce jeu dangereux qui pervertit le jeu politique et qui peut à terme aboutir à une sorte de ploutocratie à l'algérienne avec en prime une cécité politique due essentiellement à un déficit intellectuel que traîneront comme un boulet les supposés futurs élus. Cette nouvelle donne fausse tous les pronostics et prévisions puisque, comme aiment à le répéter certains, «la chkara» aura fait des siennes. Cela s'est vérifié durant la précédente législature où l'on a vu siéger à l'APN des élus qui savent juste lire et écrire mais qui ne sont même pas capables de faire une lecture au second degré. L'argent conjugué avec l'ignorance et la médiocrité et doté du pouvoir de «débattre» et de légiférer ne peut qu'être pernicieux pour la santé d'un pays, mais comme on dit, les voies de la politique (chez nous) sont impénétrables.