De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzedine
Les dernières intempéries ayant touché la région nord du pays durant le mois de février dernier ont eu aussi un impact sur la commercialisation de la pomme de terre : l'augmentation des prix a poussé les autorités locales à opter pour le déstockage rapide d'une quantité de 2 700 tonnes en trois jours, ce qui fait 900 t/jour. Une autre quantité de 30 000 tonnes est programmée pour être écoulée sur le marché jusqu'au mois d'avril dans plusieurs wilayas du pays pour un prix de gros variant entre 30 et 38 DA/kg. L'augmentation du prix de la pomme de terre ne cesse d'inquiéter le consommateur ces derniers temps au niveau de la wilaya de Aïn Defla, pourtant connue pour sa vocation agricole et ses terres fertiles qui la classent parmi les wilayas les plus productrices de tubercules au niveau national. La production abondante de cette wilaya alimente une grande partie du marché national. De nombreux commerçants viennent de différentes régions du pays pour s'approvisionner régulièrement de ce produit de large consommation. Ces commerçants tissent souvent des liens avec les agriculteurs et essayent d'avoir leur part de la production à chaque récolte.Une virée dans les marchés de cette wilaya montre que le prix du tubercule a considérablement augmenté, atteignant rapidement 70 DA/kg, une augmentation qui reste difficile à expliquer du moment que le Système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac), dispositif mis en place pour justement pallier la faiblesse de l'offre sur le marché, est opérationnel. Ce dispositif lancé depuis quelques années semble, selon les dernières appréciations, incapable de réguler le marché et vient de montrer ses limites. Selon des observateurs, les spéculateurs arrivent toujours à neutraliser les actions du Syrpalac et à «gérer» le marché pour y imposer leurs prix. Il semble aussi que le manque de contrôle au niveau des marchés ainsi que dans les différents réseaux routiers laisse les commerçants non réglementés activer librement et imposer leur propre loi.De plus, l'absence d'un marché de gros dans cette wilaya complique beaucoup plus la commercialisation des produits d'autant que dans la plupart des cas, la production locale est transférée vers les marchés de gros situés hors wilaya. Dans ce même cadre, de nombreux citoyens sont étonnés de cette différence dans les prix appliqués au niveau des marchés de détail répartis au niveau des communes de la wilaya de Aïn Defla. Les détaillants au chef-lieu de la wilaya appliquent des prix exorbitants pour l'ensemble des produits agricoles. En revanche, dans la commune de Bourached située au sud-ouest du chef- lieu de la wilaya, les prix sont abordables.La même situation est enregistrée au niveau du marché de la commune de Sidi Lakhdar où les habitants de nombreuses communes viennent s'approvisionner en légumes et fruits. A Khemis Miliana, les prix sont également acceptables, ce qui montre que le détaillant a un rôle à jouer dans la régulation du marché. Selon des citoyens, la régulation du marché doit passer par un contrôle rigoureux et par l'implication des détaillants, lesquels, souvent, essayent par tous les moyens de s'enrichir sur le dos du consommateur.En plus de cela, l'ouverture d'un marché de gros doit être une priorité dans les actions des autorités locales, d'autant que les détaillants essayent souvent d'ajouter les frais de transport aux produits qu'ils vendent sachant qu'ils s'approvisionnent à partir d'autres régions. Il est peut-être temps de faire un diagnostic approfondi du système de régulation pour déceler ses points faibles et forts et essayer d'ajouter d'autres mesures pouvant l'aider à jouer son rôle, lequel consiste à chasser les spéculateurs du circuit de production, commercialisation et consommation du tubercule ainsi que d'autres produits.