Photos : Makine F. La surproduction de la pomme de terre dans la wilaya de Ain Defla a mis dans l'embarras les agriculteurs. Ils reviennent à la charge et remettent sur le tapis leurs problèmes de stockage et demandent l'aide et la complicité de l'Etat. Le manque de chambres froides risque de détériorer de grandes quantités de la récolte stockées actuellement dans des conditions inappropriées. Les mécanismes de régulation venus à la rescousse ne prennent en charge que le produit de saison. Que faire alors des produits d'arrière saison ? Et la baisse des prix de ces derniers sur le marché n'arrange pas les fellahs. Victime de sa bonne réputation en matière de production de la pomme de terre, Ain Defla vit une agitation particulière notamment dans les vastes champs des agriculteurs. En effet, ce tubercule ne cesse d'alimenter la chronique quotidienne au niveau de cette wilaya, ô combien belle en cette période de l'année. L'abondance de la production, malgré le Mildiou et la teigne, pose problème pour les agriculteurs. En parallèle, les pouvoirs publics soutiennent à travers le Système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac), le produit de saison. Que faire donc des quantités de pomme de terre d'arrière saison ? Les producteurs inquiets ne savent plus à quel saint se vouer. Sur les lieux, la production très abondante pour cette arrière-saison a fait réagir les producteurs de pomme de terre. Et ce, d'autant que le prix est tombé jusqu'à 10 et 12 DA le kilogramme en gros et entre 30 à 35 DA chez les détaillants. Mais ce qui inquiète davantage les agriculteurs, c'est le risque de pourrissement face à l'absence des moyens de stockage adéquats. Ces derniers jours, ils multiplient les démarches auprès des services de la direction agricole (DSA) afin d'obtenir leur soutien et pouvoir ainsi se maintenir dans la filière. S'agissant de la wilaya de Aïn Defla, cette extension est de plus de 1000 hectares, ce qui a engendré une production de plus de 680 000 quintaux par rapport à la saison 2008-2009 et un rendement de 256 quintaux à l'hectare, soit une augmentation de plus de 30 quintaux/ha comparativement à la même période de l'année dernière. En outre, pour la première fois au niveau de cette wilaya, les 12 fermes pilotes se sont lancées dans cette culture, après avoir bénéficié d'un programme de la SGP Proda, seul organisme régulateur, fournisseur de la pomme de terre de semence. RISQUE DE POURRISSEMENT DE 105 500 TONNES STOCKÉES Concernant les raisons de la surproduction de la pomme de terre, M Djalali Hadj, président de la chambre d'agriculture au niveau d'Ain Defla, a déclaré que « le problème de la surproduction est lié principalement à la plantation et la production de ce tubercule dans certaines wilayas du pays, à l'image de Khenchela, Tébessa, Djelfa, El Bayadh, Ouargla, Ghardaïa et d'autres wilayas. Le ministère a élargi les zones de production en les dotant d'un fond pour acheter la semence de la pomme de terre à partir d'Ain Defla pour produire, dans cette région, ce produit de large consommation. Automatiquement, cela conduit directement à la baisse de la demande sur le marché d'Ain Defla » a-t-il résumé la situation. Il avoue que, malgré le modique prix de la pomme de terre qui est arrivé jusqu'à 10 DA le kilogramme, les producteurs trouvent des difficultés à faire écouler leurs stocks de l'arrière saison, dont le produit a été semé au mois d'août pour le récolter au mois de décembre. Le président de la chambre a indiqué que le ministère leur a demandé « de relever le défi en produisant le maximum possible de ce tubercule ». Quant à la commercialisation, le même département leur a donné des garanties d'acheter toute la production dans le cadre du Système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac). « L'an dernier, à la même période, le prix de la pomme de terre était à 27 DA, mais les producteurs ont préféré rentrer dans le dispositif du ministère et vendre leur pomme de terre à 20 DA dans le cadre de Cyrpalac ». L'année d'avant, en 2008, le président a avoué que l'Etat a racheté toute la production des fellahs à 20 DA alors que le tubercule coûtait 8 DA sur le marché du gros. « Si la situation reste en l'état, c'est-à-dire ne pas trouver une solution ou une alternative dans les meilleurs délais, les agriculteurs envisagent de réduire la production pour l'année prochaine ». Selon les statistiques fournies par la chambre d'agriculture, 105 500 tonnes de tubercules, stockées à l'intérieur des chambres froides ou ailleurs, risquent le pourrissement ! (47 500 tonnes de pommes de terre sont stockées dans les chambres froides et 58 000 tonnes sont entassées en dehors des chambres froides). Les chambres froides de la région sont d'une capacité 160 000 m3 soit 80 000 tonnes de pommes de terre, elles ne peuvent pas contenir toute la production récoltée. Selon les données de la DSA, la wilaya d'Ain Defla est destinée à produire quelque 50 000 tonnes de semences. Ces derniers jours, les 500 producteurs de pomme de terre toutes filiales confondues multiplient les démarches auprès des services de la direction agricole (DSA) afin d'obtenir leur soutien et pouvoir ainsi se maintenir dans la filière. Dans cet ordre d'idées, il convient de préciser que la chute des prix de la pomme de terre est liée, selon des responsables du secteur, à l'abondance de ce produit. L'engouement pour la culture du tubercule dans la wilaya de Aïn Defla, à la faveur des programmes de soutien aux agriculteurs, a, en effet, permis de réaliser une production plus que satisfaisante, de l'ordre de 2,5 millions de quintaux.