C'est sur un ton de «j'accuse» d'Emile Zola que le président de la République a pointé un doigt accusateur vers les pays développés, responsables en premier et dernier lieu de la crise financière mondiale. Mettant de côté l'objectif assigné au sommet de la francophonie, dont il était l'invité spécial, le chef de l'Etat a, à juste titre, exhorté les puissants de ce monde de revoir leur copie. Mais surtout appelé à ce qu'ils dérogent à la règle selon laquelle ils organisent des conclaves entre eux pour trouver des solutions allant dans un sens unique. Celui de leurs propres intérêts, alors que le défi est mondial et que les conséquences de ce krach ne sauraient déboucher sur autre chose que la misère, la famine et, par ricochet, alimenter des guerres fratricides et renforcer le lit du terrorisme transnational. Qu'il s'agisse du développement des biocarburants, de l'augmentation spéculative des cours des matières premières, mettant à genoux des pays entiers confrontés à la famine, de l'ingérence dans les affaires internes aux Etats souverains, les puissants de ce monde n'ont pas de quoi être fiers. Ils sont même à l'origine de cette crise, que les experts mondiaux imputent à la spéculation. Une diversion aussi qui a profité à l'administration américaine qui, sachant le monde tourné vers la recherche de solution de survie, a arraché au Congrès un budget supplémentaire pour financer la guerre en Irak. Sur le dos du contribuable américain, bien entendu, que Washington continue à saigner. Puisque la Maison-Blanche n'a pas hésité à puiser dans le Trésor public pour financer les banques privées. Mais aussi en ayant recours à la planche à billets puisqu'il n'est un secret pour personne aujourd'hui que les Etats-Unis sont le pays le plus endetté de la planète. Sinon, comment expliquer l'injection aussi prompte de plus de 700 milliards de dollars. Il va sans dire que les sommets prévus pour endiguer cette crise ne sauraient être l'apanage des pays du G8 et du G5, tant il est vrai que la crise actuelle a ceci de différent de celle de 1929, c'est que, à l'époque, l'économie n'était ni globalisée ni mondialisée. Aussi, les enjeux sont importants. Tout comme il est important, comme l'a souligné le président de la République lors de la tenue du sommet de la francophonie, d'associer les pays les moins développés aux discussions et débats sur la crise. Sans quoi, les retombées seraient redoutables et irrémédiables, puisque la poursuite des politiques des inégalités, l'iniquité, les discriminations et les convoitises des ressources naturelles, notamment des pays d'Afrique, n'augureront rien de bon. Sinon accroître les inimitiés entre les peuples, encourager l'émigration clandestine. Cela tout en sachant, et les «grands de ce monde en sont parfaitement conscients» que rien ne peut se résoudre si les pays émergents, en voie de développement, ne sont pas associés, ne serait-ce qu'en matière de résolution de conflits et de lutte contre le crime organisé et le terrorisme transnationaux. F. A.