Jeudi passé, dans la salle omnisports du Khroub, Louisa Hanoune a littéralement mis en transe le public présent à son meeting. Youyous, hymnes guerriers des supporters du CSC, standing-ovation et prise d'assaut de la tribune par des femmes et des hommes rien que pour parler, encourager, remercier, embrasser une femme hors du commun qui a le langage «d'un homme… un vrai», diront, comme dans un état second, plusieurs femmes. Rapidement entrée en communion avec le public qu'aisément elle mettra dans sa poche par le seul fait de lui tenir le discours qu'il veut entendre et lui proposer les solutions qu'il attend des hommes politiques. En faisant le constat que fait chaque Algérien à chaque fois qu'il se réveille et sort dans la rue pour rejoindre son travail ou aller à la recherche d'un emploi, en usant de circonvolutions et en annonçant dans la foulée, au cas où ses candidats investiraient le Parlement, ce que le parti dans sa stratégie à court, moyen et long terme propose pour une sortie de crise et une vie meilleure, elle parvient à resservir ainsi -et sans qu'elle n'ait à gamberger- à un public survolté, des solutions impossibles à matérialiser en réalité. Si foncièrement, elle est sincère dans sa démarche, il n'en demeure pas moins que toutes les propositions faites sont sans exception du plus grand populisme à l'image de la redynamisation du secteur économique par la réouverture des entreprises dissoutes, de créer trois millions d'emploi, de permettre à chaque demandeur l'accès au logement quitte pour cela à recourir à la location chez le privé avec une partie du loyer prise en charge par l'Etat… Tout cela, en vertu d'un «système de péréquation» dont elle ne donne pas les détails. Pour plus de justice sociale et un intérêt particulier pour les jeunes, elle dénonce le système capitaliste en place et l'exploitation des travailleurs, évoque les manœuvres de parties réactionnaires qui seraient derrière une nouvelle forme de colonisation du pays par l'appropriation de son économie à travers le partenariat au nom du rapport 49/51% (taux reflétant l'apport étranger et celui préservant la majorité nationale).Elle mettra au crédit de son parti la préservation de la souveraineté nationale sur les hydrocarbures à un moment où une sournoise OPA était lancée à partir de l'étranger sur les richesses du sous-sol algérien avec la complicité de formations politiques coalisées rendant hommage, au passage, au chef de l'Etat grâce auquel un bradage du plus important secteur de l'économie a été évité.Même s'il est très peu évident que la fraude soit exclue de la prochaine consultation, Louisa Hanoune exhorte les Algériens à aller voter en ce sens que les législatives du 10 mai sont particulières, comparativement à toutes celles qui se sont déroulées depuis l'avènement du multipartisme, soulignant que c'est «l'occasion ou jamais pour le peuple de confirmer que c'est à lui seul que revient la décision de décider du sort du pays. Le 10 mai doit être l'exemple type du référendum populaire ; la démocratie ne s'offre pas, elle se conquiert et vous, citoyens, vous en avez aujourd'hui l'historique opportunité ».Evoquant les menaces virtuelles d'un Printemps arabe dans lequel se réveillerait le pays à l'image de ce qui a eu lieu ailleurs, Louisa Hanoune dira : «Nous avons déjà donné notre Printemps arabe, nous l'avons eu en 1988 et l'expérience islamiste, les Algériens l'ont vécue bien avant tous. Nous en avons payé un fort tribut». Comme quoi, la SG du PT semble suggérer que l'expérience ne risque pas de se répéter.«Pour la rupture, votez Parti des travailleurs est notre slogan », lancera-t-elle, renouvelant des salves d'applaudissements et des youyous interminables. «Rupture avec un pouvoir unique, la corruption, l'exploitation, l'opportunisme, les maux sociaux, la fraude au cours des élections. Le 10 mai prochain, vous devez décider de la sanction du statu quo».Après quoi, Louisa Hanoune présente à la foule les candidats de la liste du parti pour la wilaya de Constantine.