C'est un véritable cri de détresse que lancent les 154 travailleurs d'Eter Céramique Guelma, à travers leur section syndicale, au secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), Abdelmadjid Sidi- Saïd, à propos de leur situation, qualifiée de «catastrophique».Ce complexe, leader dans la fabrication des produits réfractaires, agonise et les employés se disent «abandonnés» par le propriétaire italien qui a racheté la société, mise à prix par l'Etat dans le cadre du processus de privatisations des entreprises publiques. Après une courte période d'aisance, de 2007 à 2011, durant laquelle la situation semblait se redresser progressivement pour cette entreprise, les choses ont commencé à prendre une tournure grave et les signes d'une nouvelle crise (après celle des années 1990) commençaient à se faire sentir : cumul de dettes, salaires bloqués, réduction drastique des effectifs (de 290 travailleurs, le complexe n'en compte plus maintenant que 154), etc.Dans une lettre adressée au SG de l'Ugta, le syndicat d'entreprise tire la sonnette d'alarme et presse Sidi-Saïd d'intervenir rapidement pour le bien des employés, qui ne perçoivent plus leurs salaires depuis 6 mois (novembre 2011). Les travailleurs pleurent amèrement leur situation d'autant qu'aucune échéance, écrivent-ils, ne leur a été fixée pour le paiement de leurs salaires. Pour rappel, le Complexe céramique de Guelma a connu sa première grave crise en 1994, en raison du climat d'insécurité imposé par les groupes terroristes qui ont fait main basse sur la région d'Aïn Berber (wilaya de Annaba), interdisant l'accès à leur principale source d'approvisionnement en matière première. La machine de production s'est arrêtée net avec les conséquences logiques sur les conditions sociales des dizaines d'employés réduits au chômage. Cette situation allait durer une année. Au cours l'année 1998, la direction du complexe a, dans une volonté d'alléger le poids de la crise, pris une série de mesures comprenant des départs volontaires, licenciements, réduction d'effectifs et retraite anticipée, créant une véritable hémorragie qui a touché plus particulièrement les techniciens formés en Chine, privant ainsi l'entreprise d'un savoir-faire avéré. S'ensuivit, ensuite, une crise d'endettement et de salaires impayés.Au début de l'année 2000, une lueur d'espoir commençait à poindre. Les travailleurs respirent et la décision prise par l'administration pour le renouvellement du matériel a été positivement accueillie. Un certain nombre de travailleurs ont néanmoins été poussés au chômage technique, conformément à un protocole préalable signé avec l'entreprise chinoise qui a pris en charge la réalisation du complexe. En 2006, en plein processus de privatisation des entreprises publiques et compte tenu des difficultés que connaissait le complexe de céramique de Guelma, l'Etat a décidé de privatiser la société au profit d'un groupement italien du nom d'Eter. Inaugurée en octobre 2007, la société Eter Algérie SPA disposait d'un capital estimé à 145 millions de dinars. Les clauses de l'accord conclu entre le gouvernement algérien et le partenaire italien, qui s'empare du coup de 90% des parts de la société (contre 10% pour Hippocampe du côté algérien), prévoyaient, également, la cession du matériel appartenant au complexe ainsi que la concession, sous forme de loyers, du terrain. Les italiens s'étaient, alors, engagés en premier lieu à assurer la technologie nécessaire pour la production, réaliser l'investissement nécessaire pour la création de nouveaux produits, préserver l'effectif de 290 travailleurs. Nous avons pris attache avec la direction d'Eter Algérie mais aucun responsable n'a daigné nous répondre. «Aucun responsable n'est disponible pour vous parler», a simplement expliqué la préposée au bout du fil. Y. D.