La question sahraouie est dans l'impasse. La dernière décision marocaine mettant en doute la partialité de l'envoyé spécial onusien au Sahara occidental, M. Christopher Ross, a poussé le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, à demander une autre médiation. Celle du roi d'Arabie saoudite. Dans une lettre au souverain saoudien, rapportée par l'agence de presse sahraouie SPS et relayée par l'Agence de presse algérienne APS, le président sahraoui, appelle l'Arabie saoudite à intervenir auprès du Maroc pour mettre fin à la prolongation du conflit au Sahara occidental et aux souffrances des peuples sahraoui et marocain. «Face à l'impasse causée par le gel du processus de négociations après le refus par le Maroc de la médiation du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Christopher Ross, je m'adresse à votre Majesté pour demander à sa Majesté le roi Mohamed VI de mettre fin au conflit et aux souffrances des peuples sahraoui et marocain», a souligné le président Abdelaziz dans une lettre au souverain saoudien, le roi Abdallah Ben Abdelaziz. Il demande au souverain marocain d'«entamer sérieusement des négociations avec la partie sahraouie sur la base de la charte conclue par le défunt Roi Hassan II avec les Sahraouis sur le respect de la volonté du peuple sahraoui de disposer de son avenir en toute liberté». «Face à cette situation de blocage du processus de règlement du conflit qui oppose le Maroc aux Sahraouis depuis 1975, j'ai décidé de m'adresser à votre Majesté en qualité de serviteur des Lieux Saints de l'Islam», a encore écrit le président sahraoui, soulignant que cette initiative intervenait suite à «l'abandon du Maroc des engagements internationaux, notamment ceux liés au référendum d'autodétermination du peuple sahraoui». Le président Abdelaziz a rappelé, d'autre part, le rôle important du défunt roi Fahd Ben Abdelaziz visant à convaincre le défunt Hassan II de prendre en considération les appels de la communauté internationale et d'accepter le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. «La question des droits historiques, seul argument déclaré du Maroc pour la poursuite de son occupation du Sahara occidental, a été battue en brèche par la communauté internationale deux semaines avant l'invasion, à travers l'avis de la Cour internationale de justice de La Haye.» «Conscients de l'ampleur de la responsabilité qui nous incombe à l'égard de l'avenir des peuples sahraouis et marocains, nous avons fait des concessions mais la seule concession à ne jamais demander est d'abandonner la lutte pour le respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», a encore dit le président Abdelaziz. «Le droit international, garant de la paix internationale, reconnaît ce droit et accorde au peuple sahraoui et au peuple sahraoui seulement, le droit de décider du statut final du territoire du Sahara occidental soit par l'indépendance, soit par l'annexion au Maroc ou autre formule», a-t-il souligné. Le président Mohamed Abdelaziz a en outre affirmé que le Front Polisario était aussi courageux que le défunt Hassan II qui avait déclaré à Londres, en juillet 1987, qu'il serait le premier à ouvrir une ambassade dans la ville de Layoune si les Sahraouis votaient pour l'indépendance. D'autre part, le président sahraoui a fait part de la disponibilité du Front Polisario «à accepter tout résultat du référendum sur l'autodétermination, y compris l'annexion au Maroc et la reconnaissance de sa souveraineté sur le territoire si telle était la volonté du peuple sahraoui». Mettant en exergue l'injuste solution prônée par le Maroc, à savoir le plan d'autonomie, le président sahraoui dira : «Ce qui est inacceptable pour nous et pour toute personne raisonnable c'est de ne laisser aux Sahraouis qu'un seul choix et de le leur imposer, tout en prétendant qu'il s'agit d'un compromis.» M. Mohamed Abdelaziz a, par ailleurs, appelé l'Arabie saoudite à apporter de l'aide aux réfugiés sahraouis, tout en déplorant l'intransigeance du gouvernement marocain qui s'est gravement répercutée sur des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis qui ont quitté leur pays en raison de l'invasion militaire marocaine de leur pays pour vivre, pendant plus de 35 ans, dans des conditions difficiles dans les camps de réfugiés à proximité des frontières algéro-sahraouies. Le président sahraoui s'est dit enfin convaincu qu'en dépit de toutes les difficultés «la solution de paix est possible», pour peu qu'il y ait une volonté politique chez la partie marocaine de trouver une solution juste et définitive au conflit et de panser cette blessure qui saigne depuis 37 ans. G. H./APS