Le comité de soutien aux grévistes de la faim du secteur de la justice lance un appel pressant aux représentants des droits de l'Homme de la wilaya d'Alger pour réagir rapidement contre les «graves atteintes» à l'encontre des grévistes par les services de sécurité. Cet appel intervient au lendemain de la descente policière sur le lieu de rassemblement, devant la maison de la presse Tahar Djaout, au cours de laquelle les manifestants, campés sur place depuis le 6 juin, ont été embarqués manu militari à l'insu de tous. C'est vers les coups de minuit que les policiers ont investi les lieux décidés à en finir avec les protestataires qui étaient enchaînés en bloc avec des cordes au cou. Au cours de cette descente nocturne, les manifestants n'ont même pas eu le temps de prendre tous leurs effets, en plus du fait qu'ils ont été privés de leurs téléphones portables pour les empêcher d'appeler à l'aide, selon Yamina Maghraoui, membre du comité de soutien aux greffiers en grève de la faim. Pourquoi une intervention de nuit des policiers ? «C'est pour éviter les témoignages sur leurs pratiques brutales et illégales et donner libre cours à leurs violences, relativement maîtrisées devant la présence des journalistes et des citoyens», dénonce la syndicaliste, qui parle également de pratiques d'intimidation et de harcèlement à l'encontre des femmes qui activent au sein du comité de soutien aux grévistes. Le 9 juin dernier, trois femmes militantes ont été interpellées au niveau de la place publique Aïssat-Idir, alors qu'elles se dirigeaient vers l'arrêt du bus à Alger, affirme Mme Maghraoui. Rappelons que depuis le début du mouvement de protestation des fonctionnaires de la justice (greffiers et corps communs), le 10 avril dernier, aucune réponse ne leur a été donnée par la tutelle. En signe de radicalisation du mouvement, des membres du bureau national de la Fédération nationale des fonctionnaires de la justice, dont son porte-parole Mourad Ghedia, sont entrés en grève illimitée de la faim. Au fil des jours, leur état de santé s'est dégradé et aucun jour ne se passe sans que l'un d'eux ne soit évacué vers l'hôpital. Alors que le ministère de la Justice et le gouvernement continuent à opposer la sourde oreille aux grévistes, des organisations internationales de défense des droits syndicaux sont montées au créneau en signe de soutien aux grévistes. Ces organismes mondiaux, dont la puissante Confédération syndicale internationale (CSI), ont interpellé le président de la République sur le cas des greffiers et renouvelé leur appel à l'ouverture du dialogue. Lancé le 10 avril dernier, le débrayage des greffiers et corps communs du secteur de la justice est intervenu en réponse à la «sourde oreille» de la tutelle devant leurs revendications. Les grévistes revendiquent, essentiellement, leur intégration dans le secteur de la justice au même titre que le corps des magistrats, pour ne plus dépendre de la Fonction publique, la révision de leur statut particulier, et réitèrent leur droit au logement de fonction. Y. D.