Synthèse de Ghada Hamrouche La mission des observateurs de l'ONU en Syrie est entravée par les violences récurrentes. C'est le constat du chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood. Pour lui, le travail de sa mission, chargée de surveiller le cessez-le-feu, était «limité par les violences» qui ravagent le pays depuis quinze mois. «La violence s'est accrue ces dix derniers jours (...) augmentant les risques pour nos observateurs. L'escalade de la violence limite notre capacité à observer et vérifier la situation sur le terrain, ainsi que notre aide pour engager les parties au dialogue», a déclaré le général Mood hier, à des journalistes, six semaines après le début de la mission le 29 avril. Evoquant le massacre de Haffé, une ville du nord-ouest, il dira, avec regret, «nous n'étions pas sur le terrain» au moment des faits. Le général Mood a déploré, par ailleurs, le faible nombre d'observateurs. Selon lui, une fois les observateurs déployés, ils sont actuellement près de 300, ils ne seront même pas en mesure de couvrir le secteur de Damas, a-t-il expliqué. Souvent, «nous ne sommes pas sur place quand les combats commencent» entre l'armée et les rebelles, a-t-il ajouté», soulignant un «sentiment de frustration». Le plan de sortie de crise proposé par le médiateur international Kofi Annan «n'a pas été appliqué et il n'en existe pas d'autres», a-t-il lancé. «Il semble qu'il y ait un manque de volonté pour parvenir à une transition pacifique et qu'au contraire il y a une poussée vers des solutions militaires», a-t-il regretté. Selon le chef des observateurs, «la mission n'est pas immuable» et le Conseil de sécurité de l'ONU va revoir son mandat «dans les jours et semaines qui viennent». Le général Mood a, en outre, jugé «important» que les parties en Syrie «donnent une chance» à cette mission et que la communauté internationale lui «donne un rôle qui serve mieux les aspirations du peuple syrien». Il a, cependant, refusé de qualifier de «guerre confessionnelle» les violences en Syrie, qui ont fait plus de 14 400 morts depuis mars 2011. «Je ne suis pas qualifié pour le dire. La situation en Syrie est compliquée.» Sur un autre plan, les représentants de différents groupes de l'opposition syrienne ont entamé, hier vendredi, à Istanbul, une réunion de deux jours visant à «l'unification» de leur vision, alors que la Syrie s'enfonce, selon un responsable de l'ONU dans la guerre civile. Outre le Conseil national syrien (CNS), on trouve à cette réunion le Conseil national kurde, qui a jusqu'ici rejeté les appels au ralliement de M. Ghalioun, le groupe constitué autour de l'intellectuel Michel Kilo et celui du chef de tribu, Nawaf al-Bachir. On note, toutefois, l'absence du Comité de coordination national pour le changement national et démocratique (Ccncd) qui rassemble des partis nationalistes arabes, kurdes et socialistes. Ce dernier a expliqué son absence par des problèmes techniques l'empêchant d'envoyer des émissaires à Istanbul. La réunion a débuté par un appel à l'unité formulé par les représentants d'une douzaine de pays arabes et européens invités à la conférence. La France et les Etats-Unis sont représentés à la conférence par leurs ambassadeurs à Damas, rappelés dans leurs capitales pour protester contre les violences commises par le régime de Damas. L'Allemagne, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l'Italie, le Qatar, le Royaume-Uni et la Turquie notamment ont dépêché des diplomates de haut rang à la réunion, à laquelle participe également un membre de l'équipe de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan. L'objectif de la réunion d'Istanbul est de rechercher les moyens de mettre fin au morcellement de l'opposition, en amont d'une grande conférence des opposants syriens qui doit se tenir au Caire, sous les auspices de la Ligue arabe, à une date encore non décidée, puis de la conférence, le 6 juillet à Paris, des «Amis du peuple syrien».