Critique - Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé ce lundi que la conférence des «Amis de la Syrie», réunie hier à Istanbul avait été en contradiction avec «les objectifs d'un règlement pacifique du conflit» dans ce pays. «Les intentions et assurances exprimées à Istanbul en faveur d'un soutien direct, y compris militaire et logistique, à l'opposition armée sont incontestablement en contradiction avec les objectifs d'un règlement pacifique du conflit», a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué. Moscou a par ailleurs regretté le caractère «unilatéral» de la réunion à laquelle «le gouvernement de Syrie n'était pas représenté». Le ministère russe n'a pas précisé qui il visait en particulier, alors que les Etats-Unis et la Turquie ont appelé la semaine dernière à une aide «non militaire» aux rebelles. Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé la conférence des Amis de la Syrie à armer les rebelles. Cette idée, écartée par les Etats-Unis et de nombreux pays arabes et occidentaux, est défendue par le Qatar et l'Arabie saoudite. La Russie a pour sa part souligné lundi que la priorité devait rester l'application du plan de Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, pour mettre fin aux violences. Le plan Annan préconise la cessation de toutes formes de violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement. «Il est extrêmement important dans l'immédiat de se concentrer sur le soutien à toutes les parties (du conflit) sans exception en vue de la mise en oeuvre de la proposition de K. Annan», relève la diplomatie russe. La Russie et la Chine, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité, y avaient bloqué deux résolutions condamnant la répression en Syrie avant de finalement voter en faveur de la déclaration non contraignante soutenant la mission Annan. Moscou, allié depuis l'époque soviétique de Damas, a accusé les Occidentaux de tenir pour seul responsable du conflit le régime de Bachar al-Assad et d'ignorer que les insurgés comptent dans leurs rangs des extrémistes. Le 5 février dernier, l'agence officielle chinoise Chine nouvelle a indiqué que le veto sino-russe est destiné à permettre «la poursuite de la recherche d'un règlement pacifique de la crise syrienne chronique». «En opposant leur veto, la Russie et la Chine affirment que plus de temps et de patience devraient être consacrés à dégager une solution politique à la crise syrienne, épargnant ainsi au peuple syrien de nouveaux troubles et victimes», a-t-elle ajouté.