Aucun secteur économique n'échappe aux pratiques frauduleuses et illégales. Des pratiques qui ne sont pas sans conséquences sur l'économie nationale mais aussi sur la santé publique. L'agriculture souffre énormément de ce phénomène. Ainsi, en plus de l'utilisation excessive des pesticides et des engrais sans faire appel aux spécialistes et loin de tout contrôle, ce secteur est marqué par une pratique encore plus dangereuse à savoir l'irrigation par les eaux usées. Ce que nous retrouvons sur nos tables nous provient donc, dans de nombreux cas de champs alimentés en eaux usées. Certes, ce n'est pas nouveau comme pratique mais apparemment ça prend de plus en plus d'ampleur. Le dernier bilan de la Gendarmerie nationale le certifie. Trente-trois affaires liées à l'irrigation des cultures agricoles par les eaux usées dans dix wilayas démasquées en six mois. Parmi ces régions, figure Biskra, une wilaya pionnière en produits maraîchers qui alimente une grande partie du pays notamment pour les légumes hors saisons. Le bilan de la gendarmerie est des plus inquiétants et pose de nombreuses interrogations quand au respect des normes de production agricole. Une preuve encore que les atteintes aux consommateurs et la nature ont la peau dure. Sinon les agriculteurs ne se donneraient pas le droit de proposer aux consommateurs des produits à hauts risques sanitaires sans aucun scrupule ni considération pour la vie humaine. Ce sont surtout les produits maraîchers qui sont irrigués par les eaux usées. Ce qui explique l'augmentation du nombre d'intoxications alimentaires dont la prise en charge coûte de plus en plus cher à l'Etat. L'autre risque que présente cette infraction concerne l'altération des sols dont de grandes superficies sont déjà en dégradation étant surexploitées et en manque de fertilisants nécessaires.Plaider pour les techniques modernes et rationnelles d'irrigation à chaque fois que l'occasion se présente ne suffit pas. D'autres actions plus intenses devraient suivre. Faudrait-il accentuer les programmes de sensibilisation et renforcer le dispositif de contrôle. Prendre des mesures drastiques pour lutter contre ce phénomène et les appliquer strictement. Il s'agit aussi de faciliter aux agriculteurs l'accès à l'énergie électrique pour le forage des puits. Un problème que posent surtout les agriculteurs du Sud. Sinon, sans un plan de lutte urgent, une catastrophe sanitaire n'est pas à écarter. Les prémices sont déjà là. Exemple édifiant : des pastèques et des melons, sources principales d'intoxications, produits à base d'eaux usées inondent nos marchés. Comment ? Par le biais de la sphère informelle. Un autre mal qui continue à ronger l'économie nationale. Mais le débat est le même. S. I.