«Nous partîmes 39 et nous revînmes 39 avec…rien». Voilà en quoi pourrait se résumer la présence de la délégation algérienne à Londres pour les Jeux Olympiques 2012. Il reste une poignée de boxeurs, quelques athlètes et des chances infimes d'immortaliser le déplacement dans la capitale britannique. Dire que cela était prévisible ne serait pas exagéré. L'affirmer a posteriori ne stigmatise en aucun cas les critiques qui seraient faites dans la mesure où les plus lucides parmi les personnes situées à la périphérie de l'activité sportive étaient convaincues que le cru 2012 risquait d'être le plus mauvais de l'histoire du sport olympique algérien.Les présidents de fédérations étaient réservés dans leurs prévisions…et pour cause, celui du Comité olympique national sans doute plus. Lui qui s'est littéralement essuyé les pieds sur ces derniers bien avant le départ vers Londres. «Le COA ne s'assigne aucun objectif, il prépare les conditions logistiques de la participation de la délégation algérienne aux JO-2012. Les objectifs techniques ne peuvent être que du ressort de ceux qui assument la préparation technique, c'est-à-dire les fédérations elles-mêmes», a-t-il souligné.Dès lors fallait-il s'attendre sérieusement à ce que les athlètes rentrent au pays une tresse de lauriers sur la tête ? Forcément non, d'autant plus que par de telles déclarations les responsables des instances sportives nationales plaçaient haute la barre en matière de résultats et, dans la foulée, les participants sous une très haute pression. Pour Nabil Khebbab, nageur transi vite sorti du bassin, évoque des conditions de préparation sommaires : «On est venu à Londres sans préparation réelle pour les jeux… il n'y a qu'à voir les résultats réalisés par les athlètes algériens par rapport aux autres pays… si on veut vraiment réussir aux JO il faut se préparer en conséquence.» Une justification, toutefois, peu convaincante car la préparation relève aussi de la volonté individuelle du sportif lui-même. Le cas de Yannick Agnel, nageur français, double médaillé olympique au cours de ces JO est illustratif de celle-ci, sachant qu'il demeure l'un des rares compétiteurs à nager en maillot de bain, un attribut réputé handicapant en comparaison de la combinaison. Ce qui ne l'a pas empêché d'être le champion hors normes qu'il est devenu juste parce que c'est une question de volonté.Il faut, par voie de conséquence, faire la part des choses et concéder que les fédérations sportives nationales ont hérité des athlètes qu'elles méritent et inversement, ces derniers ne peuvent que se suffire d'instances dont il faudrait sérieusement revoir en profondeur les modes de désignation des cadres, de fonctionnement et de gestion.Le Dr Hanifi déclarait toujours en matière d'objectifs attendus de la part de la délégation algérienne : «Je suis prudent là-dessus… Je préfère laisser le soin aux fédérations, notamment aux staffs techniques, de fixer les objectifs en fonction du niveau de préparation qui est le leur. Cependant, je suis sûr qu'ils feront le maximum pour honorer le pays.» Des propos à graver dans le marbre dans le registre de la circonlocution par excellence. Il semblerait par ailleurs que tout aurait été fait et rien n'a été laissé au hasard et la délégation placée dans les meilleures conditions pour une bonne participation où il est attendu des athlètes d'«honorer l'Algérie sur le plan sportif mais également sur les plans moral et éthique», et il était même question de les motiver en mobilisant des sponsors qui se chargeraient de leurs récompenses financières. Une manière comme une autre de revisiter valeurs et idéaux de l'olympisme. Quoiqu'il en soit, nul parmi les Algériens ne gardera un grand souvenir de la participation algérienne à ces Jeux Olympiques même si un ou deux participants parmi les boxeurs et les athlètes arrivent à monter sur l'une des marches du podium. A. L.