Dans une déclaration commune, publiée à l'issue des travaux de leur rencontre de deux jours, des ministres des Affaires étrangères des pays du champ qui s'est tenue à Niamey, ont souligné que la recherche d'une sortie de crise au Mali requiert «une action résolue et urgente». Ils ont exprimé leur engagement à accompagner ce pays membre également des pays du champ «jusqu'à la normalisation totale de la situation». L'Algérie, la Mauritanie et le Niger n'ont pas manqué de lancer un appel aux Maliens «pour qu'ils s'entendent, se réconcilient et se réunissent autour des idéaux d'unité nationale, de concorde et de paix». En fait, les pays du champ qui tiennent à soutenir leur voisin malien aspirent à l'installation à Bamako d'une autorité de transition forte en mesure de constituer un partenaire fiable et crédible permettant la recherche d'une solution politique négociée entre le gouvernement et les groupes armés ouverts au dialogue, «qui respectent l'unité nationale du Mali et rejettent le terrorisme». Les participants à la réunion de Niamey ont d'ailleurs exprimé leur satisfaction à l'égard des consultations en cours en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale, «consensuel et représentatif de toutes les forces vives de la Nation» et ont appelé tous les Maliens à «adhérer» à ce processus et la communauté internationale à le soutenir. Les ministres ont indiqué avoir pris acte des résolutions et recommandations adoptées par la Cédéao, l'Union Africaine et les Nations unies. Abordant la question régionale, les ministres des AE ont réitéré la détermination de leurs pays respectifs à «poursuivre le combat contre le terrorisme et le crime transnational organisé», qui ont été aggravés par les derniers développements de la crise au Mali. Ils ont rappelé que «la stratégie mise en place s'appuie sur les dimensions imbriquées et indissociables de la sécurité et du développement» et que la lutte contre le terrorisme et le crime transnational engagée par les pays du champ «requiert l'appui de la communauté internationale».Représentée à cette réunion par M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, l'Algérie n'a pas manqué de réaffirmer sa position. Dans son intervention, M. Messahel a commencé par déclarer que la consolidation des institutions maliennes de transition est une «nécessité» et une «précondition» au règlement des autres problèmes que connaît le Mali. Il a ensuite souligné la nécessité de «fonder notre soutien sur notre conviction que la responsabilité incombe d'abord à nos frères maliens». M. Messahel a salué le retour du président par intérim, M. Diacounda Traoré, et la mise en place d'une nouvelle architecture institutionnelle, une dynamique, a-t-il dit, «positive, qui augure de perspectives prometteuses de retour à la stabilité au Mali». Evoquant la lutte «permanente, continue et déterminée» contre le terrorisme et le crime transnational organisé, le ministre délégué a estimé qu'il s'agit d'une constante dans l'action des pays du champ, qui se sont dotés de mécanismes au niveau politique, militaire et sécuritaire pour mener une lutte commune. Poursuivant son développement sur les conditions de règlement de la crise malienne, M. Messahel a souligné que l'unité nationale et l'intégrité territoriale du Mali «ne se prêtent à aucune négociation ou concession» et que la recherche d'une solution politique négociée entre le gouvernement et la rébellion armée «doit impliquer, comme une partie de la solution, les populations du Nord et les acteurs qui rejettent le terrorisme et qui ne remettent pas en cause l'intégrité territoriale du Mali». Précisons enfin que les ministres des pays du champ ont examiné les résultats des travaux de l'UFL, réunie le 27 juin dernier à Alger et du Cemoc, réuni le 11 juillet 2012 à Nouakchott et ont pris connaissance des communications actualisées sur l'état de la menace et les mesures arrêtées pour consolider la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé. Dans ce contexte, les ministres ont encouragé ces deux mécanismes à «renforcer leurs méthodes d'action et à les adapter à l'état de la menace actuelle». Ils ont enfin convenu de tenir la prochaine réunion des pays du champ à Alger à une date qui sera arrêtée d'un commun accord. H. Y.
Messahel au sujet du rôle des pays du champ, la Cédéao, UA et ONU Dans son intervention lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du champ à Niamey, Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, qui a représenté l'Algérie, a souligné, en évoquant le rôle de la communauté internationale dans la crise malienne, la nécessité de conjuguer et d'agencer d'une manière coordonnée les efforts. Il a expliqué, dans ce contexte, que la Cédéao «a des responsabilités statutaires qui lui confèrent un rôle au Mali», de même que les pays du champ «ont, de leur côté, un rôle naturel à jouer, s'agissant notamment de la situation dans le Nord qui a des incidences directes sur leur propre sécurité nationale». «C'est pourquoi, a-t-il expliqué, les pays du champ se considèrent à juste titre comme partie prenante à tout effort de recherche de sortie de crise et ont la responsabilité d'accompagner le Mali, en fédérant leurs efforts et en agissant ensemble, notamment par le recours à la facilitation et au dialogue, pour favoriser une solution négociée et durable à la crise malienne». L'Union africaine, a poursuivi le ministre délégué, «demeure l'autorité politique de référence pour la gestion du dossier malien, aux plans sous-régional, continental ou international» et les Nations unies «ont un rôle d'appui aux solutions décidées aux plans sous-régional et continental». H. Y.
Le Maroc soutient la Cédéao Le ministre délégué marocain aux Affaires étrangères, Youssef El Amrani, a déclaré craindre une «somalisation» du Mali dont le Nord est occupé par des groupes islamistes et a appelé à «agir d'urgence». Dans une interview au journal francophone Le Matin, parue hier et sans évoquer une éventuelle intervention militaire, le ministre marocain a souligné que «l'épuisement de l'ensemble des moyens diplomatiques conduira la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et le Conseil de sécurité à envisager d'autres alternatives». «Le Maroc continuera à soutenir les efforts de la Cédéao visant à trouver une issue pacifique (...) respectueuse de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Mali frère», a ajouté M. El Amrani.